Saviez-vous que le Nouveau Testament n’a pas le monopole sur la miséricorde divine? Si Jésus parle de la miséricorde du Père à travers plusieurs paraboles, c’est parce que tel est le visage du Dieu. Or, ce visage , Dieu l’a donné à contempler et à lire dans de très nombreux textes de l’Ancien Testament avant que Jésus ne le révèle en plénitude.

Lorsque Dieu s’entretient avec Moïse, après lui avoir révélé son Nom, Yahvé, il complète le sens de ce nom par les mots suivants:

Le Seigneur dit : « Je vais passer devant toi avec toute ma splendeur, et je proclamerai devant toi mon nom qui est : LE SEIGNEUR. Je fais grâce à qui je veux, je montre ma tendresse à qui je veux. » (Ex 33,19)

Grâce et miséricorde sont comme la carte d’identité de Dieu. Pourtant, ce serait se méprendre que de penser que cet attribut de miséricorde fait de lui un « bon papa bien gentil ». En effet, le plus souvent, la miséricorde divine ne va pas sans la justice divine, comme c’est le cas dans ce passage du Deutéronome:

« Tu sauras donc que Yahvé ton Dieu est le vrai Dieu, le Dieu fidèle qui garde son alliance et son amour pour mille générations à ceux qui l’aiment et gardent ses commandements, mais qui punit en leur propre personne ceux qui le haïssent. Il fait périr sans délai celui qui le hait, et c’est en sa propre personne qu’il le punit. » (Dt 7, 9‑10)

Évoquons encore ce passage comique du livre de Jonas où le prophète se fâche avec Dieu précisément parce qu’il est miséricordieux!

Jonas fit cette prière au Seigneur : « Ah ! Seigneur, je l’avais bien dit lorsque j’étais encore dans mon pays ! C’est pour cela que je m’étais d’abord enfui à Tarsis. Je savais bien que tu es un Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment. (Jon 4,2)

Oui, Jonas a de quoi être fâché. Il risque de passer pour un faux prophète. En effet, Dieu l’a envoyé à Ninive annoncer la destruction de la ville dans un délai de quarante jours et voilà que la prophétie ne se réalise pas, car… ses habitants se sont convertis! Jonas s’imaginait envoyé comme un prophète de la justice implacable de Dieu. Mais voilà que Dieu l’a déçu, car il a… changé d’avis en pardonnant aux Ninivites leur péché! Il semblerait bien que Dieu ait voulu faire de Jonas un messager de la miséricorde, n’en déplaise à Jonas lui-même!

Fort de cet héritage vétérotestamentaire, Jésus exprimera quelque chose de la miséricorde et parfois aussi quelque chose de la justice divines (mais ces deux vertus sont-elles séparables?). Le plus souvent, il l’a fait à l’aide de paraboles. Essayons de découvrir quelle est la pédagogie de Jésus à travers deux petites paraboles:

01 Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. 02 Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » 03 Alors Jésus leur dit cette parabole : 04 « Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une, n’abandonne-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ? 05 Quand il l’a retrouvée, il la prend sur ses épaules, tout joyeux, 06 et, de retour chez lui, il rassemble ses amis et ses voisins pour leur dire : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue !” 07 Je vous le dis : C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion. 08 Ou encore, si une femme a dix pièces d’argent et qu’elle en perd une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison, et chercher avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve 09 Quand elle l’a retrouvée, elle rassemble ses amies et ses voisines pour leur dire : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue !” 10 Ainsi je vous le dis : Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. » (Lc 15,1-10)

Ce qui surprend dès le premier verset, c’est le contraste entre d’un côté l’attitude des publicains et des pécheurs et de l’autre celle des pharisiens. Les premiers qui sont considérés comme des exclus de Dieu ont le souci de chercher Jésus et de s’approcher de lui afin de l’écouter. Ce sont précisément ceux-là qui savent qu’ils ont besoin de recevoir un salut et un pardon. Alors, ils se mettent à l’écoute de « la Parole qui sauve », celle de Jésus. Cette Parole se décline ici à travers deux paraboles de miséricorde, c’est-à-dire deux paraboles qui évoquent justement l’amour et le pardon de Dieu envers ceux qui sont a priori les plus éloignés de lui.

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Palestine, photographie prise entre 1898 et 1946

Mais les pharisiens s’indignent qu’un tel accueil soit fait aux pécheurs de la part de Jésus, un accueil qui ne se limite pas à leur adresser la parole et à les regarder dans les yeux, mais un accueil qui va jusqu’à partager la même nourriture à la même table qu’eux : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux!», murmurent les pharisiens. Jésus outrepasse toutes les règles religieuses selon lesquelles une impureté est contractée au contact des publicains et des pécheurs. Ce dont Jésus témoigne, c’est plutôt le contraire : sa pureté ou sa sainteté va purifier les pécheurs. A son contact, à l’écoute de sa Parole, les publicains et les pécheurs sont sauvés ou guéris. Le don du pardon leur est offert. Le berger ramène la brebis égarée à la maison. La femme cherche sa pièce jusqu’à ce qu’elle l’ait retrouvée. Ni le berger ni la femme n’ont l’idée de s’arrêter avant d’avoir retrouvé ce qui était perdu. La miséricorde divine va jusque-là. Jamais Dieu ne renonce à nous trouver ; quel que soit notre éloignement, quel que soit le temps que cela prendra, fût-ce le temps de toute notre vie.

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Drachme en argent, à l’effigie du roi Aretas IV, années 19–20 ap. J.-C., Petra

Découvrez Pétra en images: https://via-egeria.com/jordanie

Jésus invite notamment les pharisiens à raisonner comme lui, c’est-à-dire selon la logique de la miséricorde. Il voudrait que les pharisiens puissent se réjouir des retrouvailles avec la brebis perdue et avec la pièce égarée : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue !” Mais les pharisiens semblent plus préoccupés par la fidélité à la Loi que par le pardon de l’infidélité. Mais qui sait ? Peut-être se sont-ils laissés interpeller par ces deux petites paraboles ? Peut-être certains d’entre eux sont-ils entrés dans la même joie que celle des anges de Dieu ? “Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit.” Peut-être même que certains d’entre eux ont tout à coup pris conscience que l’éloignement de la brebis et la perte de la pièce figurent en définitive leur propre éloignement ? Peut-être ont-ils compris qu’eux aussi sont pécheurs ? Peut-être ont-ils finalement perçu que ces paraboles leur étaient destinées à eux d’abord ? Eux qui se sont toujours considérés impeccables… Eux qui ont toujours été si prompts à juger et jauger le péché des autres… Oui, la miséricorde divine est une grâce pour tous – que l’on soit publicains ou pharisiens -, mais à une seule condition : celle de nous reconnaître pécheurs.

Une éventuelle invitation à faire aujourd’hui un acte de contrition…

Mon Dieu, j’ai un très grand regret de vous avoir offensé parce que vous êtes infiniment bon et que le péché vous déplaît. Je prends la ferme résolution, avec le secours de votre sainte grâce, de ne plus vous offenser et de faire pénitence.

Saviez-vous que le Nouveau Testament n’a pas le monopole sur la miséricorde divine? Si Jésus parle de la miséricorde du Père à travers plusieurs paraboles, c’est parce que tel est le visage du Dieu. Or, ce visage , Dieu l’a donné à contempler et à lire dans de très nombreux textes de l’Ancien Testament avant que Jésus ne le révèle en plénitude.

Lorsque Dieu s’entretient avec Moïse, après lui avoir révélé son Nom, Yahvé, il complète le sens de ce nom par les mots suivants:

Le Seigneur dit : « Je vais passer devant toi avec toute ma splendeur, et je proclamerai devant toi mon nom qui est : LE SEIGNEUR. Je fais grâce à qui je veux, je montre ma tendresse à qui je veux. » (Ex 33,19)

Grâce et miséricorde sont comme la carte d’identité de Dieu. Pourtant, ce serait se méprendre que de penser que cet attribut de miséricorde fait de lui un « bon papa bien gentil ». En effet, le plus souvent, la miséricorde divine ne va pas sans la justice divine, comme c’est le cas dans ce passage du Deutéronome:

« Tu sauras donc que Yahvé ton Dieu est le vrai Dieu, le Dieu fidèle qui garde son alliance et son amour pour mille générations à ceux qui l’aiment et gardent ses commandements, mais qui punit en leur propre personne ceux qui le haïssent. Il fait périr sans délai celui qui le hait, et c’est en sa propre personne qu’il le punit. » (Dt 7, 9‑10)

Évoquons encore ce passage comique du livre de Jonas où le prophète se fâche avec Dieu précisément parce qu’il est miséricordieux!

Jonas fit cette prière au Seigneur : « Ah ! Seigneur, je l’avais bien dit lorsque j’étais encore dans mon pays ! C’est pour cela que je m’étais d’abord enfui à Tarsis. Je savais bien que tu es un Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment. (Jon 4,2)

Oui, Jonas a de quoi être fâché. Il risque de passer pour un faux prophète. En effet, Dieu l’a envoyé à Ninive annoncer la destruction de la ville dans un délai de quarante jours et voilà que la prophétie ne se réalise pas, car… ses habitants se sont convertis! Jonas s’imaginait envoyé comme un prophète de la justice implacable de Dieu. Mais voilà que Dieu l’a déçu, car il a… changé d’avis en pardonnant aux Ninivites leur péché! Il semblerait bien que Dieu ait voulu faire de Jonas un messager de la miséricorde, n’en déplaise à Jonas lui-même!

Fort de cet héritage vétérotestamentaire, Jésus exprimera quelque chose de la miséricorde et parfois aussi quelque chose de la justice divines (mais ces deux vertus sont-elles séparables?). Le plus souvent, il l’a fait à l’aide de paraboles. Essayons de découvrir quelle est la pédagogie de Jésus à travers deux petites paraboles:

01 Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. 02 Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » 03 Alors Jésus leur dit cette parabole : 04 « Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une, n’abandonne-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ? 05 Quand il l’a retrouvée, il la prend sur ses épaules, tout joyeux, 06 et, de retour chez lui, il rassemble ses amis et ses voisins pour leur dire : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue !” 07 Je vous le dis : C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion. 08 Ou encore, si une femme a dix pièces d’argent et qu’elle en perd une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison, et chercher avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve 09 Quand elle l’a retrouvée, elle rassemble ses amies et ses voisines pour leur dire : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue !” 10 Ainsi je vous le dis : Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. » (Lc 15,1-10)

Ce qui surprend dès le premier verset, c’est le contraste entre d’un côté l’attitude des publicains et des pécheurs et de l’autre celle des pharisiens. Les premiers qui sont considérés comme des exclus de Dieu ont le souci de chercher Jésus et de s’approcher de lui afin de l’écouter. Ce sont précisément ceux-là qui savent qu’ils ont besoin de recevoir un salut et un pardon. Alors, ils se mettent à l’écoute de « la Parole qui sauve », celle de Jésus. Cette Parole se décline ici à travers deux paraboles de miséricorde, c’est-à-dire deux paraboles qui évoquent justement l’amour et le pardon de Dieu envers ceux qui sont a priori les plus éloignés de lui.

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Palestine, photographie prise entre 1898 et 1946

Mais les pharisiens s’indignent qu’un tel accueil soit fait aux pécheurs de la part de Jésus, un accueil qui ne se limite pas à leur adresser la parole et à les regarder dans les yeux, mais un accueil qui va jusqu’à partager la même nourriture à la même table qu’eux : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux!», murmurent les pharisiens. Jésus outrepasse toutes les règles religieuses selon lesquelles une impureté est contractée au contact des publicains et des pécheurs. Ce dont Jésus témoigne, c’est plutôt le contraire : sa pureté ou sa sainteté va purifier les pécheurs. A son contact, à l’écoute de sa Parole, les publicains et les pécheurs sont sauvés ou guéris. Le don du pardon leur est offert. Le berger ramène la brebis égarée à la maison. La femme cherche sa pièce jusqu’à ce qu’elle l’ait retrouvée. Ni le berger ni la femme n’ont l’idée de s’arrêter avant d’avoir retrouvé ce qui était perdu. La miséricorde divine va jusque-là. Jamais Dieu ne renonce à nous trouver ; quel que soit notre éloignement, quel que soit le temps que cela prendra, fût-ce le temps de toute notre vie.

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Drachme en argent, à l’effigie du roi Aretas IV, années 19–20 ap. J.-C., Petra

Découvrez Pétra en images: https://via-egeria.com/jordanie

Jésus invite notamment les pharisiens à raisonner comme lui, c’est-à-dire selon la logique de la miséricorde. Il voudrait que les pharisiens puissent se réjouir des retrouvailles avec la brebis perdue et avec la pièce égarée : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue !” Mais les pharisiens semblent plus préoccupés par la fidélité à la Loi que par le pardon de l’infidélité. Mais qui sait ? Peut-être se sont-ils laissés interpeller par ces deux petites paraboles ? Peut-être certains d’entre eux sont-ils entrés dans la même joie que celle des anges de Dieu ? “Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit.” Peut-être même que certains d’entre eux ont tout à coup pris conscience que l’éloignement de la brebis et la perte de la pièce figurent en définitive leur propre éloignement ? Peut-être ont-ils compris qu’eux aussi sont pécheurs ? Peut-être ont-ils finalement perçu que ces paraboles leur étaient destinées à eux d’abord ? Eux qui se sont toujours considérés impeccables… Eux qui ont toujours été si prompts à juger et jauger le péché des autres… Oui, la miséricorde divine est une grâce pour tous – que l’on soit publicains ou pharisiens -, mais à une seule condition : celle de nous reconnaître pécheurs.

Une éventuelle invitation à faire aujourd’hui un acte de contrition…

Mon Dieu, j’ai un très grand regret de vous avoir offensé parce que vous êtes infiniment bon et que le péché vous déplaît. Je prends la ferme résolution, avec le secours de votre sainte grâce, de ne plus vous offenser et de faire pénitence.