En quoi consiste la sainteté de Joseph ? Cette question soulève à elle-seule plusieurs défis. En effet, la dévotion populaire a fini par avoir raison du peu d’étendue textuelle concernant Joseph dans la Bible. Nous pourrions dès lors passer en revue les titres et les litanies de Joseph, ou même les textes apocryphes et autres écrits. Mais c’est vers l’évangile que nous voulons nous tourner : même si « le mystère qui entoure le surnaturel et ses signes extérieurs explique que les habitants de Nazareth n’aient pas connu la divinité de Jésus, pas plus que la haute sainteté de Marie et de Joseph »[1], nous croyons que leur lecture attentive peut nous enseigner bien d’avantage que ce que nous percevons à première vue. Nous entreprenons donc ce parcours à la manière d’une contemplation des mystères de l’enfance de Jésus.

La profondeur de la vie spirituelle de Joseph

Nous proposons une liste de 10 verbes agencés en deux groupes : les sept premiers prétendent montrer la profondeur de la vie intérieure de Joseph ; et les trois derniers, chacun des conseils évangéliques. De la sorte, nous espérons pouvoir mettre en valeur comme il convient de trouver en Joseph un guide sûr de vie spirituelle. Bonne lecture!

16f9a8_3ec868064eaf4e0c9a9eb348cd28e07cmv2

Statue de saint Joseph, Nazareth. Photo: E. Pastore

1. Habiter en Dieu – Annonce à Joseph (Mt 1, 16, 18-25)

Nous commençons notre parcours à Nazareth, où « Joseph, époux de Marie, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret » (Mt 1,19). Ce n’est pas sur l’intégrité de Marie que Joseph réfléchit. Au contraire, il se recueille en Dieu, « dans le secret » (Mt 6,6), pour discerner l’attitude qu’il doit adopter face au mystère dont il est l’unique témoin. Loin de se cacher de Dieu comme Adam, Joseph ressemble à Moïse face au buisson ardent. Il perçoit la présence de Dieu et se déchausse devant Lui, dans l’intention de ne pas interférer avec ses plans. La mission de Joseph commence donc dans une attitude de discernement pour s’affiner à la volonté de Dieu.

2. Adorer – Naissance de Jésus (Lc II, 1-8)

Neuf mois plus tard, c’est à Bethléem que nous retrouvons Joseph. Ce qui retient ici notre attention, c’est son attitude face aux premières adversités qu’il affronte. Un édit, un voyage, le manque de place… Et pourtant, pas une plainte de sa part. Au contraire, il s’emploie à trouver une solution avec les moyens disponibles. On peut voir en lui un exemple de ces conseils de saint Jean de la Croix : « Prière, oubli du créé, mémoire du Créateur, attention à l’intérieur de soi et amour de l’être aimé »[2]. Il ne perd pas de vue l’essentiel : la naissance de Jésus, et il est le premier au côté de Marie à adorer le Fils de Dieu.


3. Parler de Dieu – Circoncision (Lc 2, 21)

Huit jours après la naissance, il est question de la circoncision et « l’enfant reçut le nom de Jésus ». Or, c’est au père de famille qu’il revenait de nommer l’enfant. Ce passage nous permet donc d’écouter la seule parole reportée de Joseph. Tout comme le Père éternel, il n’a qu’un mot, qu’un nom : celui de Jésus. Ceci éclaire le silence de Joseph : ce n’est pas une question de caractère, mais d’orientation, de choix : Joseph ne peut nous parler que de Jésus. Nous pourrions presque dire qu’il est l’initiateur de la prière du nom de Jésus, lui qui le prononça tant de fois, dans un mélange de naturalité et de révérence.

4. Conduire à Dieu – Adoration des Mages (Mt 2, 9-11)

Mais parler de Jésus n’est pas suffisant pour Joseph : il nous mène aussi à Lui. C’est ce que nous dévoile l’épisode des Mages, car bien que Joseph ne soit pas mentionné, il n’est pourtant pas absent. C’est lui qui a pourvu aux besoins de sa famille en lui donnant une maison. Puis, à l’arrivée des Mages, ces derniers ne se présentèrent sans doute pas librement près de Marie et de Jésus. Il est plus probable qu’ils soient « aller à Joseph », (Gn 41,55), qui, en « intendant fidèle et sensé à qui le maître a confié la charge de son personnel pour le distribuer, en temps voulu » (Lc 6, 42), les aura lui-même introduit dans l’intimité de la maison de Bethléem.

5. Protéger Fuite en Égypte (Mt 2, 13-23)

Pourtant, Joseph ne laisse pas tout le monde s’approcher. Parfois, il lui faut au contraire cacher et soustraire l’Enfant Jésus des dangers qui le menacent. Voilà la péripétie de la fuite en Égypte. Le Pape François nous demande « si nous défendons de toutes nos forces Jésus et Marie qui sont mystérieusement confiés à notre responsabilité, à notre soin, à notre garde »[3]. Dans le cas de Joseph, nous voyons qu’il est prompt à agir : il se lève au milieu de la nuit, bravant le sommeil et la tranquillité apparente ; il ne calcule pas non plus son effort : il part aussi loin que l’ange lui indique, plus loin de ce qui aurait semblé nécessaire, aussi longtemps qu’il le faudra. Joseph nous donne l’exemple d’être « fortement et courageusement engagé. L’accueil est un moyen par lequel le don de force qui nous vient du Saint Esprit se manifeste dans notre vie. Seul le Seigneur peut nous donner la force d’accueillir la vie telle qu’elle est, de faire aussi place à cette partie contradictoire, inattendue, décevante de l’existence»[4].

6. ChercherL’Enfant perdu et retrouvé au Temple (Lc 2, 26-38)

Nommer Jésus, nous mener à lui, ou le soustraire à nos vues… Nous pourrions finir pas croire que Joseph était en mesure de disposer de Jésus à son gré. Pourtant l’incident de l’Enfant perdu et retrouvé au Temple nous en dissuade. Tout comme nous, Joseph pensa l’avoir perdu, souffrit de son absence, eut besoin de le chercher, eut la sensation de ne pas le comprendre ; de Joseph aussi, Jésus s’est caché momentanément. Mais quelle que soit la cause de cette perte[5], Joseph nous enseigne la seule façon de vivre cette épreuve : retourner à Jérusalem, aller au Temple, continuer de le chercher et ne pas cesser jusqu’à l’avoir retrouvé : c’est à dire chercher la présence de Dieu et nous y maintenir, par la vie de grâce, la prière et les vertus théologales. Telle fut la réaction de Joseph et de Marie.


7. Veiller – La nuit

Pour conclure cette première partie de la réflexion, nous voulons souligner un dernier aspect qui est celui de la nuit. En effet, plusieurs passages mentionnent qu’un ange apparut de nuit à Joseph, ou que ce dernier se leva de nuit pour s’enfuir. Que nous révèle ce détail ? Au sens littéral, il s’agit d’abord d’une indication temporelle. Elle apporte une précision sur l’action de Dieu et sur la vigilance de Joseph. D’une part, même de nuit, Dieu instruit le juste[6] ; d’une autre, même dans son sommeil, Joseph reste à son écoute[7]. Dans un sens spirituel, cette nuit peut aussi évoquer deux autres situations. D’une part, l’insuffisance des sens pour comprendre l’action de Dieu ; d’une autre, la pacification intérieure totale de l’âme où plus rien de résiste à l’action de la grâce. D’une certaine façon, ces trois nuits ont été présentes dans la vie de Joseph, offrant chaque fois à Dieu la réponse d’une adhésion totale et filiale à sa volonté.

16f9a8_768262a643ef47bfa952b7982e217565mv2-1

Vitrail du songe de Joseph, crypte de l'église saint Joseph, Nazareth. Photo: E. Pastore

Au terme de ce premier temps, nous pouvons constater la grandeur d’âme et la profondeur spirituelle de saint Joseph. C’est ancré en Dieu qu’il a reçu et vécu sa mission, et qu’il apparaît comme un modèle et un guide sûr dans notre propre démarche de vie spirituelle.

Joseph et la pratique des conseils évangéliques

A la lumière de la vie de saint Joseph, considérons maintenant l’importance de la pratique des conseils évangéliques dans la suite du Christ et dans un chemin de sainteté. Certes, il serait anachronique d’attribuer à Joseph l’intention de les mettre en pratique, mais sa vie nous donne cependant un exemple éloquent de chasteté, de pauvreté et d’obéissance.

8. S’ouvrir, porter du fruit – Chasteté

Débutons par une réflexion sur la chasteté, particulièrement mise en valeur à trois moments de la vie de Joseph.
Le premier remonte à l’Annonciation. L’objection que Marie présente à l’ange de « ne pas connaître d’homme » (Lc 1,34) découvre une décision préalable du couple de se marier tout en consacrant leur virginité. En tant que fiancée, Marie ne pouvait s’engager dans cette disposition sans le consentement de son époux, ce qui prouve que Joseph avait conscience du désir du Marie, qu’il l’acceptait et qu’il le partageait. Dans ce sens, la chasteté et la virginité de Joseph ne sont pas une conséquence de l’Annonciation. Ni Dieu ni Marie n’ont imposé ce style de vie à Joseph, sinon qu’il l’a lui-même embrassé librement.
Le deuxième et le troisième moment que nous relevons sont les épisodes de la fuite en Égypte et du recouvrement au Temple. Dans sa fuite, Joseph « prit l’enfant et sa mère », dans une attitude dépourvue de toute trace de possessivité. Une dizaine d’années plus tard, après avoir retrouvé l’Enfant Jésus, il redescend de Jérusalem à Nazareth dans cette même attitude de détachement. Les paroles du Pape François le confirment en ces mots :
« Être père signifie introduire l’enfant à l’expérience de la vie, à la réalité. Ne pas le retenir, ne pas l’emprisonner, ne pas le posséder, mais le rendre capable de choix, de liberté, de départs. C’est peut-être pourquoi, à côté du nom de père, la tradition a qualifié Joseph de “très chaste”. Ce n’est pas une indication simplement affective, mais c’est la synthèse d’une attitude qui exprime le contraire de la possession. La chasteté est le fait de se libérer de la possession dans tous les domaines de la vie. »[8]
Contemplons la fécondité qui a jailli de la vie de Joseph et de Marie. Par leur consécration virginale au sein du mariage, ils ont offert à Dieu les conditions idéales pour recevoir l’invitation à devenir les parents du Verbe incarné.

9. Accueillir et offrir – Pauvreté

Passons à la pauvreté. Joseph nous donne d’abord l’exemple d’une pauvreté matérielle. La résidence à Nazareth d’où rien de bon ne semblait pouvoir venir (Jn 1,46), l’office de charpentier, une mangeoire, deux tourterelles, trois voyages dont un à l’étranger, impliquant chaque fois de reconstruire une situation sociale et professionnelle… Joseph ne vivait sans doute pas dans la misère, mais veiller à ce que rien ne manque à sa famille ne se fit pas sans effort.
fusion_imageframe-aspect_ratio-custom_aspect_ratio100-aspect_ratio_position-lightboxno-linktarget_self-align_mediumnone-align_smallnone-alignnone-mask-custom_mask-mask_size-mask_custom-9

L'atelier de saint Joseph, église saint Joseph, Nazareth. Photo: E. Pastore

Il nous donne aussi l’exemple d’une pauvreté spirituelle, qui se reflète d’une part dans sa disposition à exercer son rôle de père dans une famille où son fils et sa femme le dépassaient en sainteté ; d’une autre dans son attitude d’accepter et d’accueillir les aléas de la vie :

« Bien des fois, des événements dont nous ne comprenons pas la signification surviennent dans notre vie. Notre première réaction est très souvent celle de la déception et de la révolte. Joseph laisse de côté ses raisonnements pour faire place à ce qui arrive et, aussi mystérieux que cela puisse paraître à ses yeux, il l’accueille, en assume la responsabilité La vie spirituelle que Joseph nous montre n’est pas un chemin qui explique, mais un chemin qui accueille. »[9]

Enfin, pauvre de lui-même, Joseph se donne tout entier. C’est ainsi que sa pauvreté revêt les qualités du don de soi que le père Marie Eugène mentionne dans Je veux voir Dieu [10]: absolu, car il ne garde rien pour soi ; indéterminé, car il ne connaît pas à l’avance ce que le plan de Dieu exigera ; et souvent renouvelé comme le montre ses pèlerinages traditionnels à Jérusalem (« ils montèrent en pèlerinage suivant la coutume » Lc 2,42). Alors que sainte Thérèse d’Avila nous met en garde en disant que « nous sommes si lents à faire à Dieu le don absolu de nous-mêmes, que nous n’en finissons plus de nous préparer à la grâce du véritable amour. Il nous semble que nous donnons tout à Dieu. Or nous ne lui offrons que les revenus et les fruits, tandis que nous gardons pour nous le fond et la propriété »[11], nous trouvons en Joseph l’exemple de quelqu’un qui ne se fatigue pas de s’offrir et d’offrir tout ce qu’il a à Dieu.

10. Suivre – Obéissance

Nous consacrons notre dernier mot à l’obéissance de Joseph. Elle fut une constante dans sa vie et les évangiles le rapportent de façon incisive. De l’Annonciation au recouvrement au temple, nous observons Joseph obéissant tour à tour à sa conscience, aux lois civiles et religieuses, aux traditions, à l’ange. Son obéissance n’est ni aveugle ni passive : Joseph doit appliquer tout son entendement pour seconder les circonstances. Mais elle est humble et docile : il se laisse guider, sans dépendre ni juger de la qualité des messagers de la volonté divine. Les paroles de Caffarel sur la justice peuvent se transposer à l’obéissance de Joseph :

« Nous sommes loin d’un respect formel de la loi, d’un légalisme sans âme. Joseph est « juste » parce qu’il s’efforce sans cesse de trouver l’amour dans la loi. Sa justice est donc une attitude constante de silence et d’écoute devant Dieu, une volonté inconditionnelle de vivre selon Dieu. »[12]

L’obéissance de Joseph culmine dans sa mort que les évangiles ne rapportent pourtant pas. Pour les croyants, Joseph est le patron de la bonne mort car il est passé de ce monde à l’autre entouré de Jésus et de Marie. Il a donc joui de la meilleure compagnie. Mais en même temps, quel détachement, quel renoncement… Se soumettre à la séparation des êtres les plus aimés et les plus aimables, admettre la fin de sa mission comme gardien et protecteur terrestre de la sainte Famille, s’effacer davantage dans le silence, répondant à la voix du Père qui l’appelait dans l’au-delà. La mort de Joseph est donc un acte total d’abandon et ceci contribue encore à sa grandeur. « Ce n’est pas en effet les grâce d’oraison, même le plus élevées, qui sont significatives de la sainteté d’une vie, mais bien l’absolue disponibilité à tout vouloir de Dieu dans l’absolu renoncement de soi-même. »[13] Voilà ce en quoi consiste la sainteté de Joseph: dans l’absolu détachement avec lequel il a administré les grâces les plus extraordinaires que Dieu n’ait jamais conféré à un homme : être l’époux de Marie et le père de Jésus.

Conclusion

Il est temps de mettre fin à ce parcours. Après avoir signaler le lien entre les prérogatives divines et la libre réponse de Joseph, nous sommes passés à décrire certains traits de sa sainteté : la profondeur de sa vie spirituelle, et la pratique des conseils évangéliques. Ceci devrait nous encourager à trouver en Joseph un modèle, un guide, un père dans notre propre vie spirituelle, son but étant de tendre sans cesse d’avantage « à l’union toujours plus intime avec le Christ »[14]. Aller à Jésus ; à Jésus par Marie ; à Jésus, par Marie, par Joseph. Marie et Joseph ne sont pas des étapes sur le chemin, mais le couple saint le mieux disposé à nous mener à Jésus. Nous terminons avec cette dernière citation qui nous permettra cette fois-ci de contempler Joseph depuis la perspective de son fils, Jésus :

Dans le fond, célébrer saint Joseph revient à le regarder avec les yeux du Seigneur Jésus. Entendre la voix de Marie le désignant à notre affection et tourner vers Joseph notre cœur. La vie chrétienne est-elle autre chose qu’une imitation de Jésus-Christ ? Est-elle autre chose que l’acquisition de l’Esprit qui planait sur la maison de Nazareth ? Aimer Joseph n’est pas une option personnelle, mais le choix de Jésus. Nous qui, si souvent, tentons d’entrer dans le mystère de l’Enfance avec les yeux de saint Joseph, découvrons la grandeur de Joseph par le Cœur de Jésus. Joseph guide et protège pour traverser le désert, Joseph travaille et éduque avec sagesse dans la maison familiale. Joseph à qui on obéit le mieux en suivant son exemple. Joseph qu’on admire et qu’on a tant envie de remercier pour ce qu’il fait dans le silence, pour ce qu’il est dans le secret.[15]

Lucie Favier

NOTES

[1] (P. Marie-Eugène de l’Enfant Jésus, 1998) p 134. La citation continue : « Dieu n’eut pas à voiler miraculeusement les merveilles réalisées en ces âmes, il lui suffit de laisser à la grâce le mystère qui l’enveloppe et d’assurer aux manifestations extérieures du surnaturel le voile de la simplicité qui est le caractère des plus hautes et des plus pures ». [2] Traduction personnelle de l’espagnol: “Oración, olvido de lo creado, memoria del Creador, atención a lo interior y estarse amando al amado”, citant (Cruz, 2002), Letrillas, Suma de perfección, p81 [3] (François, 2020) #5 Père au courage créatif [4] (François, 2020) #4 Père dans l’accueil [5] Il peut y avoir deux causes principales à la sensation de la perte de Dieu. La première ne dépend pas de nous. Elle vient de l’expérience de la transcendance de Dieu, qui malgré la Révélation et l’Incarnation, demeure inaccessible et insaisissable dans son essence : d’où l’expérience de la distance ontologique qui sépare le Créateur de la créature. La seconde nous remet en cause : elle vient de notre réalité de créatures déchues de sorte que l’expérience de la perte de Dieu est accrue par la réalité du péché. Il s’agit d’une distance morale entre Dieu Saint et nous autres pécheurs. Curieusement, ce sentiment d’éloignement ou de perte est ce qui peut nous faire réagir pour réorienter notre vie vers Dieu. [6] Cf psaume 15,7 : « Je bénis le Seigneur qui me conseille : même la nuit mon cœur m’avertit ». [7] Cf Cantique des Cantiques 5,2 : « Je dors mais mon cœur veille ».

[8] (François, 2020) #7 Père dans l’ombre [9 (François, 2020) #4, Père dans l’accueil [10] (P. Marie-Eugène de l’Enfant Jésus, 1998) p322-335 [11] (P. Marie-Eugène de l’Enfant Jésus, 1998) p322, citant la Vie de sainte Thérèse d’Avila chap 11 [12] Traduction personelle del espagnol, “Nos hallamos lejos de un respeto formal de la ley, de un legalismo sin alma. José es « justo » porque se esfuerza incesantemente por encontrar el amor en la ley. Su justicia pues es una constante actitud de silencio y de escucha delante de Dios, una voluntad incondicional de vivir según Dios. », citant (Arellano Librada, 2021) [13] (Arminjon, 1983) p158 [14] (Congrégation pour la doctrine de la foi, 1992) #2014 [15] (Dominique Joseph, 2020)

En quoi consiste la sainteté de Joseph ? Cette question soulève à elle-seule plusieurs défis. En effet, la dévotion populaire a fini par avoir raison du peu d’étendue textuelle concernant Joseph dans la Bible. Nous pourrions dès lors passer en revue les titres et les litanies de Joseph, ou même les textes apocryphes et autres écrits. Mais c’est vers l’évangile que nous voulons nous tourner : même si « le mystère qui entoure le surnaturel et ses signes extérieurs explique que les habitants de Nazareth n’aient pas connu la divinité de Jésus, pas plus que la haute sainteté de Marie et de Joseph »[1], nous croyons que leur lecture attentive peut nous enseigner bien d’avantage que ce que nous percevons à première vue. Nous entreprenons donc ce parcours à la manière d’une contemplation des mystères de l’enfance de Jésus.

La profondeur de la vie spirituelle de Joseph

Nous proposons une liste de 10 verbes agencés en deux groupes : les sept premiers prétendent montrer la profondeur de la vie intérieure de Joseph ; et les trois derniers, chacun des conseils évangéliques. De la sorte, nous espérons pouvoir mettre en valeur comme il convient de trouver en Joseph un guide sûr de vie spirituelle. Bonne lecture!

16f9a8_3ec868064eaf4e0c9a9eb348cd28e07cmv2

Statue de saint Joseph, Nazareth. Photo: E. Pastore

1. Habiter en Dieu – Annonce à Joseph (Mt 1, 16, 18-25)

Nous commençons notre parcours à Nazareth, où « Joseph, époux de Marie, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret » (Mt 1,19). Ce n’est pas sur l’intégrité de Marie que Joseph réfléchit. Au contraire, il se recueille en Dieu, « dans le secret » (Mt 6,6), pour discerner l’attitude qu’il doit adopter face au mystère dont il est l’unique témoin. Loin de se cacher de Dieu comme Adam, Joseph ressemble à Moïse face au buisson ardent. Il perçoit la présence de Dieu et se déchausse devant Lui, dans l’intention de ne pas interférer avec ses plans. La mission de Joseph commence donc dans une attitude de discernement pour s’affiner à la volonté de Dieu.

2. Adorer – Naissance de Jésus (Lc II, 1-8)

Neuf mois plus tard, c’est à Bethléem que nous retrouvons Joseph. Ce qui retient ici notre attention, c’est son attitude face aux premières adversités qu’il affronte. Un édit, un voyage, le manque de place… Et pourtant, pas une plainte de sa part. Au contraire, il s’emploie à trouver une solution avec les moyens disponibles. On peut voir en lui un exemple de ces conseils de saint Jean de la Croix : « Prière, oubli du créé, mémoire du Créateur, attention à l’intérieur de soi et amour de l’être aimé »[2]. Il ne perd pas de vue l’essentiel : la naissance de Jésus, et il est le premier au côté de Marie à adorer le Fils de Dieu.


3. Parler de Dieu – Circoncision (Lc 2, 21)

Huit jours après la naissance, il est question de la circoncision et « l’enfant reçut le nom de Jésus ». Or, c’est au père de famille qu’il revenait de nommer l’enfant. Ce passage nous permet donc d’écouter la seule parole reportée de Joseph. Tout comme le Père éternel, il n’a qu’un mot, qu’un nom : celui de Jésus. Ceci éclaire le silence de Joseph : ce n’est pas une question de caractère, mais d’orientation, de choix : Joseph ne peut nous parler que de Jésus. Nous pourrions presque dire qu’il est l’initiateur de la prière du nom de Jésus, lui qui le prononça tant de fois, dans un mélange de naturalité et de révérence.

4. Conduire à Dieu – Adoration des Mages (Mt 2, 9-11)

Mais parler de Jésus n’est pas suffisant pour Joseph : il nous mène aussi à Lui. C’est ce que nous dévoile l’épisode des Mages, car bien que Joseph ne soit pas mentionné, il n’est pourtant pas absent. C’est lui qui a pourvu aux besoins de sa famille en lui donnant une maison. Puis, à l’arrivée des Mages, ces derniers ne se présentèrent sans doute pas librement près de Marie et de Jésus. Il est plus probable qu’ils soient « aller à Joseph », (Gn 41,55), qui, en « intendant fidèle et sensé à qui le maître a confié la charge de son personnel pour le distribuer, en temps voulu » (Lc 6, 42), les aura lui-même introduit dans l’intimité de la maison de Bethléem.

5. Protéger Fuite en Égypte (Mt 2, 13-23)

Pourtant, Joseph ne laisse pas tout le monde s’approcher. Parfois, il lui faut au contraire cacher et soustraire l’Enfant Jésus des dangers qui le menacent. Voilà la péripétie de la fuite en Égypte. Le Pape François nous demande « si nous défendons de toutes nos forces Jésus et Marie qui sont mystérieusement confiés à notre responsabilité, à notre soin, à notre garde »[3]. Dans le cas de Joseph, nous voyons qu’il est prompt à agir : il se lève au milieu de la nuit, bravant le sommeil et la tranquillité apparente ; il ne calcule pas non plus son effort : il part aussi loin que l’ange lui indique, plus loin de ce qui aurait semblé nécessaire, aussi longtemps qu’il le faudra. Joseph nous donne l’exemple d’être « fortement et courageusement engagé. L’accueil est un moyen par lequel le don de force qui nous vient du Saint Esprit se manifeste dans notre vie. Seul le Seigneur peut nous donner la force d’accueillir la vie telle qu’elle est, de faire aussi place à cette partie contradictoire, inattendue, décevante de l’existence»[4].

6. ChercherL’Enfant perdu et retrouvé au Temple (Lc 2, 26-38)

Nommer Jésus, nous mener à lui, ou le soustraire à nos vues… Nous pourrions finir pas croire que Joseph était en mesure de disposer de Jésus à son gré. Pourtant l’incident de l’Enfant perdu et retrouvé au Temple nous en dissuade. Tout comme nous, Joseph pensa l’avoir perdu, souffrit de son absence, eut besoin de le chercher, eut la sensation de ne pas le comprendre ; de Joseph aussi, Jésus s’est caché momentanément. Mais quelle que soit la cause de cette perte[5], Joseph nous enseigne la seule façon de vivre cette épreuve : retourner à Jérusalem, aller au Temple, continuer de le chercher et ne pas cesser jusqu’à l’avoir retrouvé : c’est à dire chercher la présence de Dieu et nous y maintenir, par la vie de grâce, la prière et les vertus théologales. Telle fut la réaction de Joseph et de Marie.


7. Veiller – La nuit

Pour conclure cette première partie de la réflexion, nous voulons souligner un dernier aspect qui est celui de la nuit. En effet, plusieurs passages mentionnent qu’un ange apparut de nuit à Joseph, ou que ce dernier se leva de nuit pour s’enfuir. Que nous révèle ce détail ? Au sens littéral, il s’agit d’abord d’une indication temporelle. Elle apporte une précision sur l’action de Dieu et sur la vigilance de Joseph. D’une part, même de nuit, Dieu instruit le juste[6] ; d’une autre, même dans son sommeil, Joseph reste à son écoute[7]. Dans un sens spirituel, cette nuit peut aussi évoquer deux autres situations. D’une part, l’insuffisance des sens pour comprendre l’action de Dieu ; d’une autre, la pacification intérieure totale de l’âme où plus rien de résiste à l’action de la grâce. D’une certaine façon, ces trois nuits ont été présentes dans la vie de Joseph, offrant chaque fois à Dieu la réponse d’une adhésion totale et filiale à sa volonté.

16f9a8_768262a643ef47bfa952b7982e217565mv2-1

Vitrail du songe de Joseph, crypte de l'église saint Joseph, Nazareth. Photo: E. Pastore

Au terme de ce premier temps, nous pouvons constater la grandeur d’âme et la profondeur spirituelle de saint Joseph. C’est ancré en Dieu qu’il a reçu et vécu sa mission, et qu’il apparaît comme un modèle et un guide sûr dans notre propre démarche de vie spirituelle.

Joseph et la pratique des conseils évangéliques

A la lumière de la vie de saint Joseph, considérons maintenant l’importance de la pratique des conseils évangéliques dans la suite du Christ et dans un chemin de sainteté. Certes, il serait anachronique d’attribuer à Joseph l’intention de les mettre en pratique, mais sa vie nous donne cependant un exemple éloquent de chasteté, de pauvreté et d’obéissance.

8. S’ouvrir, porter du fruit – Chasteté

Débutons par une réflexion sur la chasteté, particulièrement mise en valeur à trois moments de la vie de Joseph.
Le premier remonte à l’Annonciation. L’objection que Marie présente à l’ange de « ne pas connaître d’homme » (Lc 1,34) découvre une décision préalable du couple de se marier tout en consacrant leur virginité. En tant que fiancée, Marie ne pouvait s’engager dans cette disposition sans le consentement de son époux, ce qui prouve que Joseph avait conscience du désir du Marie, qu’il l’acceptait et qu’il le partageait. Dans ce sens, la chasteté et la virginité de Joseph ne sont pas une conséquence de l’Annonciation. Ni Dieu ni Marie n’ont imposé ce style de vie à Joseph, sinon qu’il l’a lui-même embrassé librement.
Le deuxième et le troisième moment que nous relevons sont les épisodes de la fuite en Égypte et du recouvrement au Temple. Dans sa fuite, Joseph « prit l’enfant et sa mère », dans une attitude dépourvue de toute trace de possessivité. Une dizaine d’années plus tard, après avoir retrouvé l’Enfant Jésus, il redescend de Jérusalem à Nazareth dans cette même attitude de détachement. Les paroles du Pape François le confirment en ces mots :
« Être père signifie introduire l’enfant à l’expérience de la vie, à la réalité. Ne pas le retenir, ne pas l’emprisonner, ne pas le posséder, mais le rendre capable de choix, de liberté, de départs. C’est peut-être pourquoi, à côté du nom de père, la tradition a qualifié Joseph de “très chaste”. Ce n’est pas une indication simplement affective, mais c’est la synthèse d’une attitude qui exprime le contraire de la possession. La chasteté est le fait de se libérer de la possession dans tous les domaines de la vie. »[8]
Contemplons la fécondité qui a jailli de la vie de Joseph et de Marie. Par leur consécration virginale au sein du mariage, ils ont offert à Dieu les conditions idéales pour recevoir l’invitation à devenir les parents du Verbe incarné.

9. Accueillir et offrir – Pauvreté

Passons à la pauvreté. Joseph nous donne d’abord l’exemple d’une pauvreté matérielle. La résidence à Nazareth d’où rien de bon ne semblait pouvoir venir (Jn 1,46), l’office de charpentier, une mangeoire, deux tourterelles, trois voyages dont un à l’étranger, impliquant chaque fois de reconstruire une situation sociale et professionnelle… Joseph ne vivait sans doute pas dans la misère, mais veiller à ce que rien ne manque à sa famille ne se fit pas sans effort.
fusion_imageframe-aspect_ratio-custom_aspect_ratio100-aspect_ratio_position-lightboxno-linktarget_self-align_mediumnone-align_smallnone-alignnone-mask-custom_mask-mask_size-mask_custom-9

L'atelier de saint Joseph, église saint Joseph, Nazareth. Photo: E. Pastore

Il nous donne aussi l’exemple d’une pauvreté spirituelle, qui se reflète d’une part dans sa disposition à exercer son rôle de père dans une famille où son fils et sa femme le dépassaient en sainteté ; d’une autre dans son attitude d’accepter et d’accueillir les aléas de la vie :

« Bien des fois, des événements dont nous ne comprenons pas la signification surviennent dans notre vie. Notre première réaction est très souvent celle de la déception et de la révolte. Joseph laisse de côté ses raisonnements pour faire place à ce qui arrive et, aussi mystérieux que cela puisse paraître à ses yeux, il l’accueille, en assume la responsabilité La vie spirituelle que Joseph nous montre n’est pas un chemin qui explique, mais un chemin qui accueille. »[9]

Enfin, pauvre de lui-même, Joseph se donne tout entier. C’est ainsi que sa pauvreté revêt les qualités du don de soi que le père Marie Eugène mentionne dans Je veux voir Dieu [10]: absolu, car il ne garde rien pour soi ; indéterminé, car il ne connaît pas à l’avance ce que le plan de Dieu exigera ; et souvent renouvelé comme le montre ses pèlerinages traditionnels à Jérusalem (« ils montèrent en pèlerinage suivant la coutume » Lc 2,42). Alors que sainte Thérèse d’Avila nous met en garde en disant que « nous sommes si lents à faire à Dieu le don absolu de nous-mêmes, que nous n’en finissons plus de nous préparer à la grâce du véritable amour. Il nous semble que nous donnons tout à Dieu. Or nous ne lui offrons que les revenus et les fruits, tandis que nous gardons pour nous le fond et la propriété »[11], nous trouvons en Joseph l’exemple de quelqu’un qui ne se fatigue pas de s’offrir et d’offrir tout ce qu’il a à Dieu.

10. Suivre – Obéissance

Nous consacrons notre dernier mot à l’obéissance de Joseph. Elle fut une constante dans sa vie et les évangiles le rapportent de façon incisive. De l’Annonciation au recouvrement au temple, nous observons Joseph obéissant tour à tour à sa conscience, aux lois civiles et religieuses, aux traditions, à l’ange. Son obéissance n’est ni aveugle ni passive : Joseph doit appliquer tout son entendement pour seconder les circonstances. Mais elle est humble et docile : il se laisse guider, sans dépendre ni juger de la qualité des messagers de la volonté divine. Les paroles de Caffarel sur la justice peuvent se transposer à l’obéissance de Joseph :

« Nous sommes loin d’un respect formel de la loi, d’un légalisme sans âme. Joseph est « juste » parce qu’il s’efforce sans cesse de trouver l’amour dans la loi. Sa justice est donc une attitude constante de silence et d’écoute devant Dieu, une volonté inconditionnelle de vivre selon Dieu. »[12]

L’obéissance de Joseph culmine dans sa mort que les évangiles ne rapportent pourtant pas. Pour les croyants, Joseph est le patron de la bonne mort car il est passé de ce monde à l’autre entouré de Jésus et de Marie. Il a donc joui de la meilleure compagnie. Mais en même temps, quel détachement, quel renoncement… Se soumettre à la séparation des êtres les plus aimés et les plus aimables, admettre la fin de sa mission comme gardien et protecteur terrestre de la sainte Famille, s’effacer davantage dans le silence, répondant à la voix du Père qui l’appelait dans l’au-delà. La mort de Joseph est donc un acte total d’abandon et ceci contribue encore à sa grandeur. « Ce n’est pas en effet les grâce d’oraison, même le plus élevées, qui sont significatives de la sainteté d’une vie, mais bien l’absolue disponibilité à tout vouloir de Dieu dans l’absolu renoncement de soi-même. »[13] Voilà ce en quoi consiste la sainteté de Joseph: dans l’absolu détachement avec lequel il a administré les grâces les plus extraordinaires que Dieu n’ait jamais conféré à un homme : être l’époux de Marie et le père de Jésus.

Conclusion

Il est temps de mettre fin à ce parcours. Après avoir signaler le lien entre les prérogatives divines et la libre réponse de Joseph, nous sommes passés à décrire certains traits de sa sainteté : la profondeur de sa vie spirituelle, et la pratique des conseils évangéliques. Ceci devrait nous encourager à trouver en Joseph un modèle, un guide, un père dans notre propre vie spirituelle, son but étant de tendre sans cesse d’avantage « à l’union toujours plus intime avec le Christ »[14]. Aller à Jésus ; à Jésus par Marie ; à Jésus, par Marie, par Joseph. Marie et Joseph ne sont pas des étapes sur le chemin, mais le couple saint le mieux disposé à nous mener à Jésus. Nous terminons avec cette dernière citation qui nous permettra cette fois-ci de contempler Joseph depuis la perspective de son fils, Jésus :

Dans le fond, célébrer saint Joseph revient à le regarder avec les yeux du Seigneur Jésus. Entendre la voix de Marie le désignant à notre affection et tourner vers Joseph notre cœur. La vie chrétienne est-elle autre chose qu’une imitation de Jésus-Christ ? Est-elle autre chose que l’acquisition de l’Esprit qui planait sur la maison de Nazareth ? Aimer Joseph n’est pas une option personnelle, mais le choix de Jésus. Nous qui, si souvent, tentons d’entrer dans le mystère de l’Enfance avec les yeux de saint Joseph, découvrons la grandeur de Joseph par le Cœur de Jésus. Joseph guide et protège pour traverser le désert, Joseph travaille et éduque avec sagesse dans la maison familiale. Joseph à qui on obéit le mieux en suivant son exemple. Joseph qu’on admire et qu’on a tant envie de remercier pour ce qu’il fait dans le silence, pour ce qu’il est dans le secret.[15]

Lucie Favier

NOTES

[1] (P. Marie-Eugène de l’Enfant Jésus, 1998) p 134. La citation continue : « Dieu n’eut pas à voiler miraculeusement les merveilles réalisées en ces âmes, il lui suffit de laisser à la grâce le mystère qui l’enveloppe et d’assurer aux manifestations extérieures du surnaturel le voile de la simplicité qui est le caractère des plus hautes et des plus pures ». [2] Traduction personnelle de l’espagnol: “Oración, olvido de lo creado, memoria del Creador, atención a lo interior y estarse amando al amado”, citant (Cruz, 2002), Letrillas, Suma de perfección, p81 [3] (François, 2020) #5 Père au courage créatif [4] (François, 2020) #4 Père dans l’accueil [5] Il peut y avoir deux causes principales à la sensation de la perte de Dieu. La première ne dépend pas de nous. Elle vient de l’expérience de la transcendance de Dieu, qui malgré la Révélation et l’Incarnation, demeure inaccessible et insaisissable dans son essence : d’où l’expérience de la distance ontologique qui sépare le Créateur de la créature. La seconde nous remet en cause : elle vient de notre réalité de créatures déchues de sorte que l’expérience de la perte de Dieu est accrue par la réalité du péché. Il s’agit d’une distance morale entre Dieu Saint et nous autres pécheurs. Curieusement, ce sentiment d’éloignement ou de perte est ce qui peut nous faire réagir pour réorienter notre vie vers Dieu. [6] Cf psaume 15,7 : « Je bénis le Seigneur qui me conseille : même la nuit mon cœur m’avertit ». [7] Cf Cantique des Cantiques 5,2 : « Je dors mais mon cœur veille ».

[8] (François, 2020) #7 Père dans l’ombre [9 (François, 2020) #4, Père dans l’accueil [10] (P. Marie-Eugène de l’Enfant Jésus, 1998) p322-335 [11] (P. Marie-Eugène de l’Enfant Jésus, 1998) p322, citant la Vie de sainte Thérèse d’Avila chap 11 [12] Traduction personelle del espagnol, “Nos hallamos lejos de un respeto formal de la ley, de un legalismo sin alma. José es « justo » porque se esfuerza incesantemente por encontrar el amor en la ley. Su justicia pues es una constante actitud de silencio y de escucha delante de Dios, una voluntad incondicional de vivir según Dios. », citant (Arellano Librada, 2021) [13] (Arminjon, 1983) p158 [14] (Congrégation pour la doctrine de la foi, 1992) #2014 [15] (Dominique Joseph, 2020)