Croire en Dieu plutôt qu’en rien? Voir Dieu? Discerner son agir au quotidien? Obtenir un signe? Autant de désirs légitimes qui habitent les croyants qui avancent en tâtonnant sur leur chemin de foi. Dans les évangiles, Jésus offre une réponse à de telles interrogations. Tâchons de les réentendre:

29 Comme les foules s’amassaient, Jésus se mit à dire : « Cette génération est une génération mauvaise : elle cherche un signe, mais en fait de signe il ne lui sera donné que le signe de Jonas. 30 Car Jonas a été un signe pour les habitants de Ninive ; il en sera de même avec le Fils de l’homme pour cette génération. 31 Lors du Jugement, la reine de Saba se dressera en même temps que les hommes de cette génération, et elle les condamnera. En effet, elle est venue des extrémités de la terre pour écouter la sagesse de Salomon, et il y a ici bien plus que Salomon. 32 Lors du Jugement, les habitants de Ninive se lèveront en même temps que cette génération, et ils la condamneront ; en effet, ils se sont convertis en réponse à la proclamation faite par Jonas, et il y a ici bien plus que Jonas. (Lc 11,29-32)

Les paroles de Jésus sont dures envers la foule qui l’entoure. Il la qualifie de « génération mauvaise ». La foule mérite-t-elle un tel reproche parce qu’elle a demandé un signe ? Certainement, si on a en mémoire quelques passages bibliques dans lesquels la demande d’un signe est interprétée comme une mise à l’épreuve de Dieu : « Vous ne mettrez pas le Seigneur votre Dieu à l’épreuve, comme vous l’avez mis à l’épreuve à Massa. » (Dt 6,16). Ce verset renvoie à l’épisode de la traversée du désert, lorsque face aux adversités le peuple perdait foi en Dieu (Ex 17,1-7). Un signe ou un miracle serait pourtant le bienvenu dans une situation difficile. Peut-être sommes-nous tentés parfois nous aussi d’en demander à Dieu ? Mais la logique de l’alliance entre Dieu et son peuple repose plus sur la confiance que sur des manifestations extraordinaires de pouvoir. Dieu, précisément parce qu’il est Dieu, n’a pas besoin de donner des preuves de sa puissance. Il s’y refuse et, par conséquent, Jésus aussi.

Cependant, Jésus offre la plus belle des alternatives, puisqu’il dit : « Jonas a été un signe pour les habitants de Ninive ; il en sera de même avec le Fils de l’homme pour cette génération ». Jésus refuse de donner une preuve de son autorité qui lui serait extérieure, mais il se définit lui-même comme LE signe par excellence. En sa personne, il est le signe du Dieu vivant, et pas tant par ses œuvres. Jésus est le visage du Père (qui m’a vu a vu le Père, dit-il en Jn 15,24). Lui, le Verbe fait chair est LA manifestation par excellence de la présence et de l’agir divins dans le monde. Ce ne sont pas d’abord ses miracles qui attestent de son autorité, mais sa vie.

Mais encore faut-il le reconnaître ! Jésus pointe l’aveuglement de cette foule qui demande un signe, alors que le Signe des signes est devant elle, sous son nez. D’autres ont réussi à reconnaître et à accueillir le dessein divin en voyant bien moins que cela. Les habitants de la ville de Ninive ont eu la visite du prophète Jonas et ils l’ont reconnu comme un vrai prophète ; ils l’ont écouté. Ce sont donc des étrangers qui ont été à même de recevoir le message divin, tandis que les juifs qui entourent Jésus ne sont pas capables de le reconnaître comme le Fils de Dieu.

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France Île-de-France, Musée du Louvre, Département des Sculptures du Moyen Age, de la Renaissance et des temps modernes, RF 1617 – https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010093965 – https://collections.louvre.fr/CGU

De même, une autre étrangère, la reine du lointain royaume de Saba s’est déplacée à Jérusalem, affrontant un désert de 3’000 km pour venir entendre la sagesse divine de Salomon. Elle en est restée bouche bée. Avant de repartir chez elle, elle offrit au roi un trésor d’or, d’aromates et de pierres précieuses en gratitude pour les paroles de sagesse entendue.

Il faut donc croire que les étrangers sont plus prompts à croire et à faire confiance au Dieu d’Israël que les Israélites eux-mêmes ! Pourtant, le prophète Jonas et le roi Salomon n’étaient que de pâles figures de l’action de Dieu dans l’histoire des hommes par rapport à ce que représente Jésus-Christ, Messie et Fils de Dieu. C’est donc bien l’endurcissement du peuple que Jésus dénonce. Le peuple est incapable de reconnaître en Jésus celui dont le chemin était d’avance préparé dans le Premier Testament. Le peuple semble avoir oublié ses propres Ecritures et surtout l’histoire que Dieu fait avec lui depuis des siècles, marchant à ses côtés et le conduisant vers la plénitude du salut. Et nous, aurions-nous oublié ?

Emanuelle Pastore

Croire en Dieu plutôt qu’en rien? Voir Dieu? Discerner son agir au quotidien? Obtenir un signe? Autant de désirs légitimes qui habitent les croyants qui avancent en tâtonnant sur leur chemin de foi. Dans les évangiles, Jésus offre une réponse à de telles interrogations. Tâchons de les réentendre:

29 Comme les foules s’amassaient, Jésus se mit à dire : « Cette génération est une génération mauvaise : elle cherche un signe, mais en fait de signe il ne lui sera donné que le signe de Jonas. 30 Car Jonas a été un signe pour les habitants de Ninive ; il en sera de même avec le Fils de l’homme pour cette génération. 31 Lors du Jugement, la reine de Saba se dressera en même temps que les hommes de cette génération, et elle les condamnera. En effet, elle est venue des extrémités de la terre pour écouter la sagesse de Salomon, et il y a ici bien plus que Salomon. 32 Lors du Jugement, les habitants de Ninive se lèveront en même temps que cette génération, et ils la condamneront ; en effet, ils se sont convertis en réponse à la proclamation faite par Jonas, et il y a ici bien plus que Jonas. (Lc 11,29-32)

Les paroles de Jésus sont dures envers la foule qui l’entoure. Il la qualifie de « génération mauvaise ». La foule mérite-t-elle un tel reproche parce qu’elle a demandé un signe ? Certainement, si on a en mémoire quelques passages bibliques dans lesquels la demande d’un signe est interprétée comme une mise à l’épreuve de Dieu : « Vous ne mettrez pas le Seigneur votre Dieu à l’épreuve, comme vous l’avez mis à l’épreuve à Massa. » (Dt 6,16). Ce verset renvoie à l’épisode de la traversée du désert, lorsque face aux adversités le peuple perdait foi en Dieu (Ex 17,1-7). Un signe ou un miracle serait pourtant le bienvenu dans une situation difficile. Peut-être sommes-nous tentés parfois nous aussi d’en demander à Dieu ? Mais la logique de l’alliance entre Dieu et son peuple repose plus sur la confiance que sur des manifestations extraordinaires de pouvoir. Dieu, précisément parce qu’il est Dieu, n’a pas besoin de donner des preuves de sa puissance. Il s’y refuse et, par conséquent, Jésus aussi.

Cependant, Jésus offre la plus belle des alternatives, puisqu’il dit : « Jonas a été un signe pour les habitants de Ninive ; il en sera de même avec le Fils de l’homme pour cette génération ». Jésus refuse de donner une preuve de son autorité qui lui serait extérieure, mais il se définit lui-même comme LE signe par excellence. En sa personne, il est le signe du Dieu vivant, et pas tant par ses œuvres. Jésus est le visage du Père (qui m’a vu a vu le Père, dit-il en Jn 15,24). Lui, le Verbe fait chair est LA manifestation par excellence de la présence et de l’agir divins dans le monde. Ce ne sont pas d’abord ses miracles qui attestent de son autorité, mais sa vie.

Mais encore faut-il le reconnaître ! Jésus pointe l’aveuglement de cette foule qui demande un signe, alors que le Signe des signes est devant elle, sous son nez. D’autres ont réussi à reconnaître et à accueillir le dessein divin en voyant bien moins que cela. Les habitants de la ville de Ninive ont eu la visite du prophète Jonas et ils l’ont reconnu comme un vrai prophète ; ils l’ont écouté. Ce sont donc des étrangers qui ont été à même de recevoir le message divin, tandis que les juifs qui entourent Jésus ne sont pas capables de le reconnaître comme le Fils de Dieu.

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France Île-de-France, Musée du Louvre, Département des Sculptures du Moyen Age, de la Renaissance et des temps modernes, RF 1617 – https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010093965 – https://collections.louvre.fr/CGU

De même, une autre étrangère, la reine du lointain royaume de Saba s’est déplacée à Jérusalem, affrontant un désert de 3’000 km pour venir entendre la sagesse divine de Salomon. Elle en est restée bouche bée. Avant de repartir chez elle, elle offrit au roi un trésor d’or, d’aromates et de pierres précieuses en gratitude pour les paroles de sagesse entendue.

Il faut donc croire que les étrangers sont plus prompts à croire et à faire confiance au Dieu d’Israël que les Israélites eux-mêmes ! Pourtant, le prophète Jonas et le roi Salomon n’étaient que de pâles figures de l’action de Dieu dans l’histoire des hommes par rapport à ce que représente Jésus-Christ, Messie et Fils de Dieu. C’est donc bien l’endurcissement du peuple que Jésus dénonce. Le peuple est incapable de reconnaître en Jésus celui dont le chemin était d’avance préparé dans le Premier Testament. Le peuple semble avoir oublié ses propres Ecritures et surtout l’histoire que Dieu fait avec lui depuis des siècles, marchant à ses côtés et le conduisant vers la plénitude du salut. Et nous, aurions-nous oublié ?

Emanuelle Pastore