Le roi Achab à la bataille de Qarqar

au 9ème siècle av. J.c.

Au 9ème siècle av. JC, le contexte international est tendu pour les deux royaumes d’Israël et de Juda. Les Assyriens ont commencé leur conquête de la région. Mais leur avancée est freinée par une coalition de petits Etats araméens, y compris celui d’Israël, à la bataille de Qarqar sur l’Oronte en 853 av. JC. 

Salmanazar III, roi d’Assyrie de 858 à 824, souhaite réaliser ce que son père Assurnazirpal II (884-859) n’avait jamais réussi à faire : prendre le contrôle de la Syrie du nord et de la Cilicie. Après avoir consolidé ses positions sur l’Euphrate au nord par une série de forteresses, il réunit une grande armée pour la conquête de la Syrie et de la Cilicie. Son armée pénètre en Syrie par les plaines de Syrie centrale et se heurte à une vaste coalition regroupant presque tous les royaumes de la région.

La coalition regroupe des royaumes qui précédemment se faisaient la guerre, mais qui devant le péril commun, firent alliance. Le royaume araméen de Damas avec son roi Adad-Idri, le roi de Hama Irhuleni, le roi d’Israël Achab, ainsi que des contingents venant des villes phéniciennes de Usnu, Byblos, Arqa, Shianu, un contingent du roi arabe Gindibu et un contingent égyptien.

Salmanasar III décrit les forces de ses adversaires avec des détails parfois surévalués: Achab d’Israël a envoyé 2 000 chars, 700 cavaliers et 10 000 soldat.

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Le Monolithe de Kurkh est un monument assyrien haut de 2,2 mètres, contenant, dans sa partie finale, une description de la bataille de Qarqar. (British Museum). Photo: Wikipédia

Le déroulement de la bataille n’est pas connu. Dans ses annales, Salmanazar III s’attribue la victoire et affirme avoir abattu 14 000 soldats ennemis. Mais le fait est que, après un court séjour dans la région après la bataille, son armée fit retraite vers ses bases. Aucune capitale des royaumes coalisés ne fut assiégée et les années qui suivirent furent une succession d’escarmouches et de raids de la part des Assyriens contre la coalition. L’armée assyrienne ne revint dans la région, lors d’une grande campagne de conquête, qu’en 841 av. J.-C. soit douze années plus tard. Il est probable que la bataille fut une victoire assyrienne mais au prix de telles pertes qu’elle ne put poursuivre l’offensive.

Curieusement, la Bible ne fait pas mention de cette bataille (voir 1 R 16,29-22,40).

Transcription du texte du monolithe de Kurkh concernant la bataille de qarqar

« En l’an de Dâian-Assur, au mois d’ Airu , le quatorzième jour, je quittai Ninive, traversai le Tigre et m’approchai des villes de Giammu, (près) de la rivière Balih (?). A la peur de ma souveraineté, à la terreur de mes armes effrayantes, ils ont eu peur; avec leurs propres armes, ses nobles ont tué Giammu. Dans Kitlala et Til-sha-mâr-ahi, je suis entré. J’ai fait amener mes dieux dans ses palais. Dans ses palais, j’organise un banquet. J’ai ouvert son trésor. J’ai vu sa richesse. Ses biens, ses biens, j’ai emporté et amené à ma ville Assur. De Kitlala je suis parti. Je m’approchai de Kâr-Shalmaneser. Dans des bateaux en peau (de chèvre), j’ai traversé l’Euphrate pour la deuxième fois, à son crue. L’hommage des rois de ce côté de l’Euphrate, — de Sangara de Karkemish, de Kundashpi de Kumuhu (Commagène), d’Arame fils de Gûzi, de Lalli le Milidien, de Haiani fils de Gahari, de Kalparoda de Hattina, de Kalparuda de Gurgum, – argent, or, plomb, cuivre, vases de cuivre, à Ina-Assur-uttir-asbat, de ce côté de l’Euphrate, sur la rivière Sagur, que les habitants de Hatti appellent Pitru, là j’ai reçu (il). De l’Euphrate je suis parti, je me suis approché de Halman (Alep). Ils avaient peur de se battre avec (moi), ils m’ont saisi les pieds. Argent, or, comme hommage que j’ai reçu. J’ai offert des sacrifices devant le dieu Adad de Halman. De Halman je suis parti. Je m’approchai des villes d’Irhulêni, les Hamathites. J’ai capturé les villes d’Adennu, Bargâ, Arganâ, ses villes royales. Son butin, sa propriété, les biens de ses palais, j’ai fait ressortir. J’ai mis le feu à ses palais. D’Argana je suis parti. Je m’approchai de Karkar. »
« Karkar, sa ville royale, j’ai détruit, j’ai dévasté, j’ai brûlé par le feu. 1 200 chars, I, 200 cavaliers, 20 000 soldats, d’Hadad-ezer, d’Aram (? Damas); 700 chars, 700 cavalerie, 10000 soldats d’Irhulêni de Hamath, 2000 chars, 10000 soldats d’Achab, l’Israélite, 500 soldats des Guéens, 1000 soldats des Musréens, 10 chars, 10000 soldats des Irkanatéens, 200 soldats de Matinuba’il, l’Arvadite, 200 soldats des Usanatéens, 30 chars, [], 000 soldats d’Adunu-ba’il, le Shianean, 1 000 chameaux de Gindibu’, l’Arabie, [], 000 soldats [de] Ba’sa, fils de Ruhubi, l’Ammonite, – ces douze rois il apporta à son soutien; pour offrir bataille et combat, ils sont venus contre moi. (Faisant confiance) à la puissance exaltée qu’Assur, le seigneur, m’avait donnée, dans les armes puissantes que Nergal, qui me précédait, m’avait présentées, je me suis battu avec eux. De Karkar, jusqu’à la ville de Gilzau, je les ai mis en déroute. J’ai tué 14 000 de leurs guerriers avec l’épée. Comme Adad, j’ai fait pleuvoir la destruction sur eux. J’ai dispersé leurs cadavres au loin, (et) couvert ( lit. , rempli) la face de la plaine désolée avec leurs armées étendues. Avec (mes) armes, j’ai fait couler leur sang dans les vallées (?) De la terre. La plaine était trop petite pour laisser tomber leurs corps, la vaste campagne était utilisée pour les enterrer. Avec leurs corps j’ai enjambé les Arantu (Orotes) comme avec un pont (?). Dans cette bataille, je leur ai pris leurs chars, leur cavalerie, leurs chevaux, brisés au joug. »