Lorsqu’on est en pèlerinage à Nazareth, qu’on s’arrête à l’ombre de l’immense basilique de l’Annonciation construite sur des habitations du premier siècle (peut-être l’une d’elles est-elle la maison de la sainte famille, qui sait?) et qu’on évoque le couple que formaient Marie et Joseph, la question ne manque jamais d’être posée par un des pèlerins : Vous y croyez vraiment à la virginité de Marie? Comment est-ce possible? Pourquoi Dieu aurait-il imposé cela à un couple? Malheureusement, trop de spéculations soi-disant chrétiennes se sont fixées sur l’aspect physique de la virginité de Marie ; obscurcissant tout, oubliant l’essentiel. Il se pourrait bien que la virginité de Marie ne nous apprenne pas d’abord quelle était la situation gynécologique de la mère de Dieu, mais elle insiste sur le fait que tout ce qui se joue en elle est le fruit de l’action de Dieu !
Que nous apprend la Bible sur la virginité ?
Puis voici que l’Agneau apparut à mes yeux ; il se tenait sur le mont Sion, avec cent quarante quatre mille gens portant inscrits sur le front leur nom et le nom de leur père. 2 Et j’entendis un bruit venant du ciel, comme le mugissement des grandes eaux ou le grondement d’un orage violent, et ce bruit me faisait songer à des joueurs de harpe touchant de leurs instruments ; 3 ils chantent un cantique nouveau devant le trône et devant les quatre Vivants et les Vieillards. Et nul ne pouvait apprendre le cantique, hormis les cent quarante quatre mille, les rachetés à la terre. 4 Ceux-là, ils ne se sont pas souillés avec des femmes, ils sont vierges ; ceux-là suivent l’Agneau partout où il va ; ceux-là ont été rachetés d’entre les hommes comme prémices pour Dieu et pour l’Agneau. 5 Jamais leur bouche ne connut le mensonge : ils sont immaculés. (Ap 14, 1‑5)
En effet, saint Jean précise : « Ils ont été rachetés d’entre les hommes, en prémices pour Dieu et pour l’Agneau » (Ap 14,4). Il y a donc un prix fixé qui, au terme de l’histoire, semble avoir été payé. Mais quel fut le montant de ce rachat ? Il faut chercher la réponse dans l’Apocalypse-même :
Ils chantaient un cantique nouveau : Tu es digne de prendre le livre et d’en ouvrir les sceaux, car tu fus égorgé et tu rachetas pour Dieu, au prix de ton sang, des hommes de toute race, langue, peuple et nation… (Ap 5, 9)
La virginité, espérance d’un salut déjà là et à venir
Elle est tombée, elle ne se relèvera plus la vierge d’Israël. (Am 5,2)
En s’adressant à Jérémie, le Seigneur parle d’une grande blessure qui blesse la vierge :
Tu leur diras cette parole : que mes yeux versent des larmes, jour et nuit sans tarir, car d’une grande blessure est blessée la vierge, fille de mon peuple, d’une plaie très grave. (Jr 14,17)
Ce qui surprend, c’est qu’après sa chute, même blessée, brisée, il est toujours question de la vierge. Le prophète Isaïe annonce :
Comme un jeune homme épouse une vierge, ton créateur t’épousera. Et c’est la joie de l’époux au sujet de l’épouse que ton Dieu éprouvera à ton sujet. (Is 62,5)
Ainsi ce que la virginité exprime, c’est l’espérance d’un salut déjà là et à venir. Un don est fait, dont l’homme n’a pas toujours conscience ; cette non-conscience est la part secrète, virginale de notre humanité que seul Dieu peut révéler, annoncer, féconder et transfigurer.
La virginité apparaît ainsi comme la part de notre humanité, que le Seigneur se réserve malgré toutes les fautes commises. La virginité signifie la part la plus désertée de notre humanité, là où l’on se retrouve seul avec le Seigneur, là où l’on se laisse « séduire » (Os 2,16).
Ainsi, la virginité de Marie…
Le récit de l’Annonciation représente la consécration au quotidien. Le « trouble » de Marie (Lc 1,29) représente l’état de l’être humain qui se laisse toucher, surprendre par la grâce en une nouveauté non encore dévoilée. « Comment cela peut-il se faire puisque je suis vierge ? » Parce qu’elle porte déjà sur la manière dont le dessein de Dieu se réalise, la demande de Marie se présente comme une réponse, une réponse qui laisse apparaître sa virginité.
Comme Marie, les personnes consacrées sont donc celles qui choisissent cette relation d’Alliance avec Celui qu’elles préfèrent à tout :
Celui qui n’est pas marié a le souci des affaires du Seigneur, il cherche comment plaire au Seigneur. Celui qui est marié a le souci des affaires de ce monde, il cherche comment plaire à sa femme, et il se trouve divisé. La femme sans mari, ou celle qui reste vierge, a le souci des affaires du Seigneur, afin d’être sanctifiée dans son corps et son esprit. Celle qui est mariée a le souci des affaires de ce monde, elle cherche comment plaire à son mari. (1 Co 7,32-34)
Marie-Christophe Maillard
Lorsqu’on est en pèlerinage à Nazareth, qu’on s’arrête à l’ombre de l’immense basilique de l’Annonciation construite sur des habitations du premier siècle (peut-être l’une d’elles est-elle la maison de la sainte famille, qui sait?) et qu’on évoque le couple que formaient Marie et Joseph, la question ne manque jamais d’être posée par un des pèlerins : Vous y croyez vraiment à la virginité de Marie? Comment est-ce possible? Pourquoi Dieu aurait-il imposé cela à un couple? Malheureusement, trop de spéculations soi-disant chrétiennes se sont fixées sur l’aspect physique de la virginité de Marie ; obscurcissant tout, oubliant l’essentiel. Il se pourrait bien que la virginité de Marie ne nous apprenne pas d’abord quelle était la situation gynécologique de la mère de Dieu, mais elle insiste sur le fait que tout ce qui se joue en elle est le fruit de l’action de Dieu !
Que nous apprend la Bible sur la virginité ?
Puis voici que l’Agneau apparut à mes yeux ; il se tenait sur le mont Sion, avec cent quarante quatre mille gens portant inscrits sur le front leur nom et le nom de leur père. 2 Et j’entendis un bruit venant du ciel, comme le mugissement des grandes eaux ou le grondement d’un orage violent, et ce bruit me faisait songer à des joueurs de harpe touchant de leurs instruments ; 3 ils chantent un cantique nouveau devant le trône et devant les quatre Vivants et les Vieillards. Et nul ne pouvait apprendre le cantique, hormis les cent quarante quatre mille, les rachetés à la terre. 4 Ceux-là, ils ne se sont pas souillés avec des femmes, ils sont vierges ; ceux-là suivent l’Agneau partout où il va ; ceux-là ont été rachetés d’entre les hommes comme prémices pour Dieu et pour l’Agneau. 5 Jamais leur bouche ne connut le mensonge : ils sont immaculés. (Ap 14, 1‑5)
En effet, saint Jean précise : « Ils ont été rachetés d’entre les hommes, en prémices pour Dieu et pour l’Agneau » (Ap 14,4). Il y a donc un prix fixé qui, au terme de l’histoire, semble avoir été payé. Mais quel fut le montant de ce rachat ? Il faut chercher la réponse dans l’Apocalypse-même :
Ils chantaient un cantique nouveau : Tu es digne de prendre le livre et d’en ouvrir les sceaux, car tu fus égorgé et tu rachetas pour Dieu, au prix de ton sang, des hommes de toute race, langue, peuple et nation… (Ap 5, 9)
La virginité, espérance d’un salut déjà là et à venir
Elle est tombée, elle ne se relèvera plus la vierge d’Israël. (Am 5,2)
En s’adressant à Jérémie, le Seigneur parle d’une grande blessure qui blesse la vierge :
Tu leur diras cette parole : que mes yeux versent des larmes, jour et nuit sans tarir, car d’une grande blessure est blessée la vierge, fille de mon peuple, d’une plaie très grave. (Jr 14,17)
Ce qui surprend, c’est qu’après sa chute, même blessée, brisée, il est toujours question de la vierge. Le prophète Isaïe annonce :
Comme un jeune homme épouse une vierge, ton créateur t’épousera. Et c’est la joie de l’époux au sujet de l’épouse que ton Dieu éprouvera à ton sujet. (Is 62,5)
Ainsi ce que la virginité exprime, c’est l’espérance d’un salut déjà là et à venir. Un don est fait, dont l’homme n’a pas toujours conscience ; cette non-conscience est la part secrète, virginale de notre humanité que seul Dieu peut révéler, annoncer, féconder et transfigurer.
La virginité apparaît ainsi comme la part de notre humanité, que le Seigneur se réserve malgré toutes les fautes commises. La virginité signifie la part la plus désertée de notre humanité, là où l’on se retrouve seul avec le Seigneur, là où l’on se laisse « séduire » (Os 2,16).
Ainsi, la virginité de Marie…
Le récit de l’Annonciation représente la consécration au quotidien. Le « trouble » de Marie (Lc 1,29) représente l’état de l’être humain qui se laisse toucher, surprendre par la grâce en une nouveauté non encore dévoilée. « Comment cela peut-il se faire puisque je suis vierge ? » Parce qu’elle porte déjà sur la manière dont le dessein de Dieu se réalise, la demande de Marie se présente comme une réponse, une réponse qui laisse apparaître sa virginité.
Comme Marie, les personnes consacrées sont donc celles qui choisissent cette relation d’Alliance avec Celui qu’elles préfèrent à tout :
Celui qui n’est pas marié a le souci des affaires du Seigneur, il cherche comment plaire au Seigneur. Celui qui est marié a le souci des affaires de ce monde, il cherche comment plaire à sa femme, et il se trouve divisé. La femme sans mari, ou celle qui reste vierge, a le souci des affaires du Seigneur, afin d’être sanctifiée dans son corps et son esprit. Celle qui est mariée a le souci des affaires de ce monde, elle cherche comment plaire à son mari. (1 Co 7,32-34)
Marie-Christophe Maillard