Le plus ancien manuscrit complet de la bible hébraïque
Le codex Leningrad est le plus ancien manuscrit complet de la Bible Hébraïque. Il date du 11ème siècle de notre ère. Il a probablement été copié au Caire. Actuellement, il est conservé dans la Bibliothèque Nationale de Russie, à Saint Pétersbourg. On appelle « codex » un manuscrit en forme de livre. C’est à partir du 3ème s. ap. J.-C. qu’on commence par coudre ensemble les feuilles des rouleaux pour former un livre. Avant cela, les textes bibliques étaient organisés en rouleaux. Un rouleau pouvait mesurer 3,5 mètres et il n’était écrit que d’un côté. Le codex avait donc de multiples avantages, puisqu’il est écrit des deux côtés et qu’il est beaucoup plus maniable qu’un long rouleau.
Pourquoi l’appelle-t-on « Texte massorétique »?
Ce manuscrit appartient à un groupe de textes hébraïques appelés les textes massorétiques. L’alphabet hébreu lui-même, qui s’est développé à partir de l’alphabet phénicien, n’a pas de voyelles. Les plus anciens fragments bibliques hébreux n’ont donc que des consonnes.
Au Moyen Age, un groupe d’érudits appelé Massorètes s’est intéressé au développement d’un système de marquage des voyelles. Ils craignaient que la prononciation des mots ne soit perdue puisque l’hébreu n’était plus une langue parlée. Outre les voyelles, ils voulaient également trouver un moyen de marquer la ponctuation, les accents et les notes de musique utilisées lorsque le texte biblique était chanté à la synagogue.
Le système de signes le plus populaire a été développé par la famille Ben Asher, et c’est leur système qui est conservé dans le Codex de Leningrad. Si vous regardez attentivement une page, vous pouvez voir que les consonnes, ou lettres, ont de petites marques au-dessus et en dessous d’elles. Certaines de ces marques indiquent la vocalisation des mots, tandis que d’autres indiquent les accents. Les accents servent à la fois de ponctuation et de notation musicale.
Les Massorètes souhaitaient également copier le texte biblique avec beaucoup de soin afin de le préserver de génération en génération. Pour ce faire, ils utilisaient des notes dans les marges. Dans les marges, à côté des versets bibliques, ils mettaient des petites lettres comme symboles. Ces symboles indiquaient au scribe qui copiait le texte des informations sur des formes ou des mots inhabituels qui ne devaient pas être modifiés. Par exemple, ils pouvaient mettre un cercle sur un mot qui ne se trouvait nulle part ailleurs dans la Bible. Dans la marge, ils mettaient alors la lettre « l » qui disait au scribe : « oui, c’est un mot unique, mais ce n’est pas une erreur, alors copiez le comme il est ».
Qu’est-ce que la découverte de Qumran a apporté « de plus »?
En 1947, dans des grottes qui surplombent la mer Morte, à Qumran, on a retrouvé les mêmes manuscrits bibliques que ceux contenus dans le codex Leningrad. Mais avec une « légère » différence: ceux de Qumran datent du 2ème siècle avant J.-C.! Grâce à Qumran, nous avons donc fait un bond de 12 siècles dans le passé!
Jusque-là, on n’avait presque aucune trace matérielle des manuscrits de la Bible hébraïque avant le Moyen Âge, alors que maintenant nous possédons, quoique de manière fragmentaire, des attestations de presque tous les livres qui la composent, datant du IIe ou Ier siècle avant l’ère chrétienne. Ces documents, dont certains divergent passablement de ce qu’est devenu le texte officiel, massorétique, confirment la grande diversité de la transmission textuelle des rouleaux qui formeront plus tard les trois parties du canon de la Bible hébraïque.
Quelques unes des plus belles pages du codex leningrad
folio 474a
Les textes autour de l’étoile
« De la demeure de ta sainteté, des cieux, regarde et bénis Israël ton peuple, ainsi que la terre que tu nous as donnée comme tu l’avais juré à nos pères, terre qui ruisselle de lait et de miel. » (Dt 26, 15)
« Tu écouteras la voix de YHWH ton Dieu, et tu mettras en pratique les commandements et les lois que je te prescris aujourd’hui. » (Dt 27, 10)
« Et voici les lois et coutumes que vous garderez et pratiquerez, dans le pays que YHWH le Dieu de tes pères t’a donné pour domaine, tous les jours que vous vivrez sur ce sol. » (Dt 12, 1)
« 12 YHWH ouvrira pour toi les cieux, son trésor excellent, pour donner en son temps la pluie à ton pays, et pour bénir toutes tes œuvres. Tu annexeras des nations nombreuses et toi, tu ne seras pas annexé. 13 YHWH te mettra à la tête et non à la queue, tu ne seras jamais qu’au-dessus et non point au-dessous, si tu écoutes les commandements de YHWH ton Dieu, que je te prescris aujourd’hui, pour les garder et les mettre en pratique, » (Dt 28, 12‑13)
« Toutes les bénédictions que voici t’adviendront et t’atteindront ; car tu auras obéi à la voix de YHWH ton Dieu. » (Dt 28, 2)
« Dieu, c’est toi mon Dieu, je te cherche, mon âme a soif de toi, après toi languit ma chair, terre sèche, altérée, sans eau. » (Ps 63, 2)
« Oui, je veux te bénir en ma vie, à ton nom, élever les mains. » (Ps 63, 5)
« Nous as-tu rejetés, ô Dieu qui ne sors plus avec nos armées ? » (Ps 60, 12)
« Le Dieu que nous avons est un Dieu de délivrances, au Seigneur YHWH sont les issues de la mort. » (Ps 68, 21)
« Commande, ô mon Dieu, selon ta puissance, la puissance, ô Dieu, que tu as mise en œuvre pour nous. » (Ps 68, 29)
« Moi, Shmuel ben Yaakov, j’ai écrit et pointé [ajouté les points des voyelles et les accents] et transmis [ajouté les notes massorétiques dans les marges] ce manuscrit pour l’honneur de notre bienheureux professeur hacohen (le prêtre), ben Yosef hayeduah (le sage), ben Azdak, que le Vivant le bénisse. »
folio 40b
Description
Cette page particulière du Codex de Leningrad comprend la fin du « Chant à de la mer » chanté par Moïse et les Israélites après qu’ils aient traversé la mer sur la terre ferme, alors que le pharaon et son armée étaient submergés par les vagues de la mer.
Le texte de ce poème, ainsi que plusieurs autres, tels que le Cantique de Moïse dans Deutéronome 32, et le Cantique de Déborah dans Juges 5, sont écrits d’une manière spéciale, dans ce cas, avec de grands espaces. Les notes massorétiques en haut de la page sont faites pour ressembler à des vagues. Normalement, le texte biblique est écrit sur trois colonnes, mais comme une partie du Cantique est incluse dans la page, le récit qui commence en 15,22 est écrit sur toute la page dans une seule colonne.
Le Cantique célèbre l’œuvre de Dieu au nom de son peuple, Israël, dans laquelle il triomphe de ses ennemis et les prend comme sa « propre possession ». Alors que le récit se poursuit, le peuple quitte la mer et se rend au désert de Shur et de là aux eaux amères de Mara. C’est à Mara que l’eau est rendue douce (en d’autres termes, potable) lorsque, sur instruction de Dieu, Moïse jette un morceau de bois dans l’eau. Après cet acte salvateur de Dieu, le peuple continue jusqu’à ce qu’il arrive au désert de Sin. À la fin de la page, le peuple commence à se plaindre de la faim.
Le texte du livre de l’Exode 15,14 à 16,3
« 14 Les peuples ont entendu, ils frémissent, des douleurs poignent les habitants de Philistie. 15 Alors sont bouleversés les chefs d’Edom, les princes de Moab, la terreur s’en empare, ils titubent, tous ceux qui habitent Canaan. 16 Sur eux s’abattent terreur et crainte, la puissance de ton bras les laisse pétrifiés, tant que passe ton peuple, Yahvé, tant que passe ce peuple que tu t’es acheté. 17 Tu les amèneras et tu les planteras sur la montagne de ton héritage, lieu dont tu fis, YHWH, ta résidence, sanctuaire, Seigneur, qu’ont préparé tes mains. 18 Yahvé régnera pour toujours et à jamais.” 19 Car lorsque la cavalerie de Pharaon avec ses chars et ses cavaliers était entrée dans la mer, YHWH avait fait refluer sur eux les eaux de la mer, alors que les Israélites avaient marché à pied sec au milieu de la mer.
20 Miryam, la prophétesse, sœur d’Aaron, prit en main un tambourin et toutes les femmes la suivirent avec des tambourins, formant des chœurs de danses. 21 Et Miryam leur entonna :
“Chantez pour YHWH, car il s’est couvert de gloire, il a jeté à la mer cheval et cavalier.”
22 Moïse fit partir Israël de la mer des Roseaux. Ils se dirigèrent vers le désert de Shur et marchèrent trois jours dans le désert sans trouver d’eau. 23 Mais quand ils arrivèrent à Mara ils ne purent boire l’eau de Mara, car elle était amère, c’est pourquoi on l’a appelé Mara. 24 Le peuple murmura contre Moïse en disant : “Qu’allons-nous boire ?” 25 Moïse cria vers YHWH, et Yahvé lui montra un morceau de bois. Moïse le jeta dans l’eau, et l’eau devint douce. C’est là qu’il leur fixa un statut et un droit ; c’est là qu’il les mit à l’épreuve. 26 Puis il dit : “Si tu écoutes bien la voix de YHWHton Dieu et fais ce qui est droit à ses yeux, si tu prêtes l’oreille à ses commandements et observes toutes ses lois, tous les maux que j’ai infligés à l’Egypte, je ne te les infligerai pas, car je suis Yahvé, celui qui te guérit.” 27 Ils arrivèrent ensuite à Elim où se trouvent douze sources et soixante-dix palmiers, et ils y campèrent au bord de l’eau. [ch.16] 1 Ils partirent d’Elim, et toute la communauté des Israélites arriva au désert de Sîn, situé entre Elim et le Sinaï, le quinzième jour du second mois qui suivit leur sortie d’Egypte. 2 Toute la communauté des Israélites se mit à murmurer contre Moïse et Aaron dans le désert. 3 Les Israélites leur dirent : “Que ne sommes-nous morts de la main de Yahvé au pays d’Egypte, quand nous étions assis auprès de la marmite de viande et mangions du pain à satiété ! A coup sûr, vous nous avez amenés dans ce désert pour faire mourir de faim toute cette multitude.” » (Ex 15, 14 – 16, 3)