Les principales références bibliques

L’Éthiopie entretient une étroite relation avec la Bible. L’Éthiopie a lu et reconnu sa destinée dans la Bible et, en retour, elle a écrit son histoire à cette lumière en tirant le fil de traditions bibliques.

Les théologiens éthiopiens ont tout d’abord lu dans la Bible diverses mentions flatteuses et prometteuses de leur pays, sous des noms divers. On pense d’abord au verset affirmant que « Kush accourt, les mains tendues vers Dieu » (Psaume 68,32). Mais aussi à deux récits, dans l’un et l’autre Testament de la Bible, évoquant des souveraines. Le premier voit la reine de Saba rendre visite à Salomon après avoir entendu parler de sa sagesse (1 Rois 10,1-10). Le second rapporte qu’un haut fonctionnaire de Candace, reine d’Éthiopie, venu à Jérusalem, découvre l’Évangile et se fait promptement baptiser (Actes 8,26-40).

01 La reine de Saba avait entendu parler de la renommée de Salomon, qui faisait honneur au nom du Seigneur. Elle vint donc pour le mettre à l’épreuve en lui proposant des énigmes. 02 Elle arriva à Jérusalem avec une escorte imposante : des chameaux chargés d’aromates et d’une énorme quantité d’or et de pierres précieuses. Quand elle fut parvenue auprès de Salomon, elle lui exposa les questions qu’elle avait préparées, 03 mais Salomon trouva réponse à tout et ne fut arrêté par aucune difficulté. 04 Lorsque la reine de Saba vit toute la sagesse de Salomon, le palais qu’il avait construit, 05 les plats servis à sa table, le logement de ses officiers, la tenue du service et l’habillement des serviteurs, ses sommeliers, les holocaustes qu’il offrait à la maison du Seigneur, 06 elle en eut le souffle coupé, et elle dit au roi : « Ce que j’ai entendu dire dans mon pays sur toi et sur ta sagesse, c’était donc vrai ! 07 Je ne voulais pas croire ce qu’on disait, avant de venir et de voir de mes yeux ; mais voilà qu’on ne m’en avait pas appris la moitié ! Tu surpasses en sagesse et en magnificence la renommée qui était venue jusqu’à moi. 08 Heureux tes gens, heureux tes serviteurs que voici, eux qui se tiennent continuellement devant toi et qui entendent ta sagesse ! 09 Béni soit le Seigneur ton Dieu, qui t’a montré sa bienveillance en te plaçant sur le trône d’Israël. Parce que le Seigneur aime Israël pour toujours, il t’a établi roi pour exercer le droit et la justice. » 10 Elle fit présent au roi de cent vingt lingots d’or, d’une grande quantité d’aromates et de pierres précieuses ; il n’est plus jamais venu une quantité d’aromates pareille à celle que la reine de Saba avait donnée au roi Salomon. 11 La flotte d’Hiram avait donc apporté l’or d’Ophir. Elle en rapporta également du bois de santal, en très grande quantité, et des pierres précieuses. 12 Avec ce bois de santal, le roi fit une balustrade pour la maison du Seigneur et la maison du roi ; on en fit aussi des cithares et des harpes pour les chantres. Par la suite, on ne reçut plus jamais de ce bois de santal, et jusqu’à ce jour on n’en a plus revu. 13 Le roi Salomon offrit à la reine de Saba tout ce qui répondait à ses désirs, en plus des présents qu’il lui faisait avec une munificence digne du roi Salomon. Puis elle s’en retourna dans son pays avec ses serviteurs. (1 Rois 10,1-13)

L’évangélisation de l’Éthiopie est ancienne et est documentée par l’épigraphie et la numismatique. Elle remonte au IVe siècle, lorsque Ezana, souverain d’Axoum, royaume correspondant au nord de l’Éthiopie et de l’Érythrée actuelles, se convertit au christianisme et semble diffuser la foi nouvelle en son royaume. Selon une tradition semi-légendaire, un marchand chrétien du nom de Frumence, arrivé en Éthiopie à la suite d’un naufage, aurait converti la famille royale d’Axoum. Il aurait ensuite reçu du patriarche d’Alexandrie Athanase, le titre d’évêque et chef de l’Église d’Éthiopie.

L’Église éthiopienne affirme une spiritualité originale qui s’épanouit surtout à partir de la fin du XIIe siècle, lorsque le monachisme prend son essor. L’évolution du christianisme est surtout documentée à partir de cette période, les XIIe- XIIIe siècles. On dispose en effet d’un dossier de documents très riche, produit pour l’essentiel par les moines lettrés éthiopiens. Ces textes sont rédigés en guèze, la langue de culture et la langue liturgique de l’Éthiopie chrétienne. Ce sont des Vies de saints, de généalogies monastiques, de textes liturgiques, de documents historiographiques et d’actes de la pratique.

Il existe également tout un ensemble de récits relatant les règnes des souverains éthiopiens : ce sont les chroniques ou histoires royales. Une oeuvre majeure produite au XIVe s. fut le Kebra Nagaśt ou « Gloire des rois », célèbre récit narrant, notamment, la rencontre entre le roi Salomon et la reine de Saba (nommée Makéda dans la tradition éthiopienne), et la naissance de leur fils, Ménélik (ou David), qui deviendra le premier souverain d’Éthiopie. Le récit raconte également comment Makéda et Ménélik firent transporter l’Arche de l’Alliance, préservée dans le Temple de Jérusalem, en terre éthiopienne. Le Kebra Nagaśt est un récit d’inspiration biblique par son thème, ses personnages et sa finalité. Le texte a pour vocation d’inscrire l’Éthiopie dans l’histoire biblique, de la rendre non seulement participative de l’Alliance, mais aussi de lui conférer un statut prééminent parmi les nations chrétiennes.

Un autre royaume de Saba au Yémen?

Mais le royaume de Saba, aussi connu sous le nom de royaume de Sheba, est aussi et surtout une civilisation ancienne emblématique située dans l’actuel Yémen. Historiquement, il a été un centre de commerce, de culture et de puissance politique, prospérant entre le 10e et le 8e siècle avant notre ère. La richesse de Saba reposait notamment sur l’exploitation de ressources telles que l’encens, la myrrhe et l’eau, ainsi que sur ses importantes routes commerciales. Le Yémen aussi se rapporte à la fameuse légende de la reine de Saba où elle est connue sous le nom de « Balqis » ou « Bilqis ». Elle est mentionnée dans le Coran comme la souveraine de Saba qui a rencontré le roi Salomon.

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