Qui n’a pas encore eu l’occasion d’écouter la chanson-événement de l’été 2020, « Jerusalema »? Écrite en zoulou par le DJ Master KG et interprétée par l’artiste sud-africaine Nomcebo Zikode, la chanson est une prière adressée à Dieu qui a fait le tour de monde.

La voix de N. Zikode est vraie et profonde, si bien qu’elle a le pouvoir de vous entraîner dans la prière. Les paroles sont simples en apparence, mais elles contiennent un trésor:

Jérusalem est ma maison
Protège moi
Marche avec moi
Ne me laisse pas ici
Je n’ai pas ma place ici
Mon royaume n’est pas ici

En 2020, grâce à cette chanson, Jérusalem semble accomplir déjà sa vocation de capitale religieuse universelle annoncée dans l’Ancien Testament: « Jérusalem est ma maison. » Comment ne pas y reconnaître une allusion au Psaume 87 (86) qui situe l’origine de tout homme à Jérusalem:

01 Elle est fondée sur les montagnes saintes. 02 Le Seigneur aime les portes de Sion plus que toutes les demeures de Jacob. 03 Pour ta gloire on parle de toi, ville de Dieu ! 04 « Je cite l’Égypte et Babylone entre celles qui me connaissent. » Voyez Tyr, la Philistie, l’Éthiopie : chacune est née là-bas. 05 Mais on appelle Sion : « Ma mère ! » car en elle, tout homme est né. C’est lui, le Très-Haut, qui la maintient. 06 Au registre des peuples, le Seigneur écrit : « Chacun est né là-bas.» 07 Tous ensemble ils dansent, et ils chantent : « En toi, toutes nos sources ! » (Ps 86)

Peu à peu apparaît dans la Bible, la conviction selon laquelle Jérusalem est le centre vers lequel doivent converger tous les peuples de la terre. Jérusalem a vocation à devenir le lieu de pèlerinage de tous. Ainsi, voit-on déjà les premiers patriarches et matriarches Abraham et Sarah, Isaac et Rébecca, Jacob avec Rachel et Léa s’approcher de Jérusalem en s’installant sur la terre promise (Gn). Émigrés en Égypte à cause de la famine, les douze tribus d’Israël reviendront y vivre sous la guidance de Moïse, Myriam et Aaron (Ex et Dt). Plus tard, lorsqu’Israël sera devenu un royaume, on verra le roi Hiram de Tyr (1 R 5) monter à Jérusalem pour faire affaire avec Salomon, ainsi que la fameuse reine de Saba (1 R 10) qui voudra tester la sagesse de Salomon, dont la renommée avait percé jusqu’aux limites de la péninsule arabique.

Mais l’histoire est loin de s’arrêter là. Jérusalem sera rasée et détruite et son peuple exilé à Babylone, au 6ème siècle av. JC. L’espoir d’y revenir a suscité des chants émouvants aux larmes, tels que celui du Psaume 137 (136):

01 Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion ; 02 aux saules des alentours nous avions pendu nos harpes. 03 C’est là que nos vainqueurs nous demandèrent des chansons, et nos bourreaux, des airs joyeux : « Chantez-nous, disaient-ils, quelque chant de Sion. » 04 Comment chanterions-nous un chant du Seigneur sur une terre étrangère ? 05 Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite m’oublie ! 06 Je veux que ma langue s’attache à mon palais si je perds ton souvenir, si je n’élève Jérusalem, au sommet de ma joie. (Ps 137)

Environ 70 ans plus tard, les exilés seront autorisés à revenir à Jérusalem. Les prophéties du grand retour commencent à s’accomplir:

01 Parole d’Isaïe, fils d’Amots, – ce qu’il a vu au sujet de Juda et de Jérusalem. 02 Il arrivera dans les derniers jours que la montagne de la Maison du Seigneur se tiendra plus haut que les monts, * s’élèvera au-dessus des collines. Vers elle afflueront toutes les nations 03 et viendront des peuples nombreux. Ils diront : « Venez ! montons à la montagne du Seigneur, * à la Maison du Dieu de Jacob ! Qu’il nous enseigne ses chemins, et nous irons par ses sentiers. » Oui, la loi sortira de Sion, et de Jérusalem, la parole du Seigneur. 04 Il sera juge entre les nations et l’arbitre de peuples nombreux. De leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre. (Isaïe 2,1-4)

C’est précisément cela que chante la chanson: Jérusalem, dont l’étymologie signifie la paix (shalom), est notre maison, la maison commune où tous les peuples sont appeler à se réunir sous le regard de Dieu, au-delà de leurs différences, en changeant leurs épées en socs, c’est-à-dire en travaillant ensemble la terre pour y vivre en frères.

Pourtant, cela n’est pas encore visible ni totalement réalisé… Comme le dit encore la chanson, « mon royaume n’est pas ici; je n’ai pas ma place ici. » Ces mots, qui sont bien sûr ceux du Christ, sont aussi ceux de chaque croyant. Ils disent notre foi en quelque chose qui n’est pas encore achevé. Le retour à Jérusalem de toutes les nations et de tous les peuples dans la paix évoque bien sûr une réalité déjà commencée, mais pas encore achevée… (même s’il faut reconnaître que le succès de Master KG semble être déjà un début de cet achèvement, dès lors qu’on voit danser tant de peuples au son et au rythme de « Jerusalema »!)

Saint Paul a magnifiquement exprimé ce paradoxe de l’accomplissement qui n’est pas encore un achèvement dans sa Lettre aux Romains:

22 Nous le savons bien, la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. 23 Et elle n’est pas seule. Nous aussi, en nous-mêmes, nous gémissons ; nous avons commencé à recevoir l’Esprit Saint, mais nous attendons notre adoption et la rédemption de notre corps. 24 Car nous avons été sauvés, mais c’est en espérance ; voir ce qu’on espère, ce n’est plus espérer : ce que l’on voit, comment peut-on l’espérer encore ? 25 Mais nous, qui espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance. (Rm 8,22-25)

En ce temps de l’espérance, il ne nous reste qu’à nous tenir dans la prière confiante, comme le formule encore la chanson:

Protège moi
Marche avec moi
Ne me laisse pas ici

Qui n’a pas encore eu l’occasion d’écouter la chanson-événement de l’été 2020, « Jerusalema »? Écrite en zoulou par le DJ Master KG et interprétée par l’artiste sud-africaine Nomcebo Zikode, la chanson est une prière adressée à Dieu qui a fait le tour de monde.

La voix de N. Zikode est vraie et profonde, si bien qu’elle a le pouvoir de vous entraîner dans la prière. Les paroles sont simples en apparence, mais elles contiennent un trésor:

Jérusalem est ma maison
Protège moi
Marche avec moi
Ne me laisse pas ici
Je n’ai pas ma place ici
Mon royaume n’est pas ici

En 2020, grâce à cette chanson, Jérusalem semble accomplir déjà sa vocation de capitale religieuse universelle annoncée dans l’Ancien Testament: « Jérusalem est ma maison. » Comment ne pas y reconnaître une allusion au Psaume 87 (86) qui situe l’origine de tout homme à Jérusalem:

01 Elle est fondée sur les montagnes saintes. 02 Le Seigneur aime les portes de Sion plus que toutes les demeures de Jacob. 03 Pour ta gloire on parle de toi, ville de Dieu ! 04 « Je cite l’Égypte et Babylone entre celles qui me connaissent. » Voyez Tyr, la Philistie, l’Éthiopie : chacune est née là-bas. 05 Mais on appelle Sion : « Ma mère ! » car en elle, tout homme est né. C’est lui, le Très-Haut, qui la maintient. 06 Au registre des peuples, le Seigneur écrit : « Chacun est né là-bas.» 07 Tous ensemble ils dansent, et ils chantent : « En toi, toutes nos sources ! » (Ps 86)

Peu à peu apparaît dans la Bible, la conviction selon laquelle Jérusalem est le centre vers lequel doivent converger tous les peuples de la terre. Jérusalem a vocation à devenir le lieu de pèlerinage de tous. Ainsi, voit-on déjà les premiers patriarches et matriarches Abraham et Sarah, Isaac et Rébecca, Jacob avec Rachel et Léa s’approcher de Jérusalem en s’installant sur la terre promise (Gn). Émigrés en Égypte à cause de la famine, les douze tribus d’Israël reviendront y vivre sous la guidance de Moïse, Myriam et Aaron (Ex et Dt). Plus tard, lorsqu’Israël sera devenu un royaume, on verra le roi Hiram de Tyr (1 R 5) monter à Jérusalem pour faire affaire avec Salomon, ainsi que la fameuse reine de Saba (1 R 10) qui voudra tester la sagesse de Salomon, dont la renommée avait percé jusqu’aux limites de la péninsule arabique.

Mais l’histoire est loin de s’arrêter là. Jérusalem sera rasée et détruite et son peuple exilé à Babylone, au 6ème siècle av. JC. L’espoir d’y revenir a suscité des chants émouvants aux larmes, tels que celui du Psaume 137 (136):

01 Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion ; 02 aux saules des alentours nous avions pendu nos harpes. 03 C’est là que nos vainqueurs nous demandèrent des chansons, et nos bourreaux, des airs joyeux : « Chantez-nous, disaient-ils, quelque chant de Sion. » 04 Comment chanterions-nous un chant du Seigneur sur une terre étrangère ? 05 Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite m’oublie ! 06 Je veux que ma langue s’attache à mon palais si je perds ton souvenir, si je n’élève Jérusalem, au sommet de ma joie. (Ps 137)

Environ 70 ans plus tard, les exilés seront autorisés à revenir à Jérusalem. Les prophéties du grand retour commencent à s’accomplir:

01 Parole d’Isaïe, fils d’Amots, – ce qu’il a vu au sujet de Juda et de Jérusalem. 02 Il arrivera dans les derniers jours que la montagne de la Maison du Seigneur se tiendra plus haut que les monts, * s’élèvera au-dessus des collines. Vers elle afflueront toutes les nations 03 et viendront des peuples nombreux. Ils diront : « Venez ! montons à la montagne du Seigneur, * à la Maison du Dieu de Jacob ! Qu’il nous enseigne ses chemins, et nous irons par ses sentiers. » Oui, la loi sortira de Sion, et de Jérusalem, la parole du Seigneur. 04 Il sera juge entre les nations et l’arbitre de peuples nombreux. De leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre. (Isaïe 2,1-4)

C’est précisément cela que chante la chanson: Jérusalem, dont l’étymologie signifie la paix (shalom), est notre maison, la maison commune où tous les peuples sont appeler à se réunir sous le regard de Dieu, au-delà de leurs différences, en changeant leurs épées en socs, c’est-à-dire en travaillant ensemble la terre pour y vivre en frères.

Pourtant, cela n’est pas encore visible ni totalement réalisé… Comme le dit encore la chanson, « mon royaume n’est pas ici; je n’ai pas ma place ici. » Ces mots, qui sont bien sûr ceux du Christ, sont aussi ceux de chaque croyant. Ils disent notre foi en quelque chose qui n’est pas encore achevé. Le retour à Jérusalem de toutes les nations et de tous les peuples dans la paix évoque bien sûr une réalité déjà commencée, mais pas encore achevée… (même s’il faut reconnaître que le succès de Master KG semble être déjà un début de cet achèvement, dès lors qu’on voit danser tant de peuples au son et au rythme de « Jerusalema »!)

Saint Paul a magnifiquement exprimé ce paradoxe de l’accomplissement qui n’est pas encore un achèvement dans sa Lettre aux Romains:

22 Nous le savons bien, la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. 23 Et elle n’est pas seule. Nous aussi, en nous-mêmes, nous gémissons ; nous avons commencé à recevoir l’Esprit Saint, mais nous attendons notre adoption et la rédemption de notre corps. 24 Car nous avons été sauvés, mais c’est en espérance ; voir ce qu’on espère, ce n’est plus espérer : ce que l’on voit, comment peut-on l’espérer encore ? 25 Mais nous, qui espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance. (Rm 8,22-25)

En ce temps de l’espérance, il ne nous reste qu’à nous tenir dans la prière confiante, comme le formule encore la chanson:

Protège moi
Marche avec moi
Ne me laisse pas ici