La basilique Saint Clément de Rome nous offre une magnifique méditation sur Pâques: la croix est devenue un grand arbre dont les branches remplissent le monde entier. Découvrons ensemble la fécondité de cet arbre de vie!

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Choeur de la basilique Saint Clément, Rome. Photo: Wikipédia Derrière l'autel: les douze apôtres, puis au-dessus à nouveau les douze apôtres, mais représentés comme des agneaux autour de l'agneau pascal (le Christ) au centre. Au-dessus, la mosaïque de l'arbre de la vie.

La croix centrale porte le Christ, ainsi que les douze apôtres représentés sous la forme de petites colombes, à moins que celles-ci ne représentent l’Esprit Saint opérant la mystérieuse transformation de l’arbre de la croix en arbre de la vie et assurant sa fécondité, une fécondité qui va atteindre les limites de tout le monde habité par ses branches foisonnantes.

On remarque aussi la Trinité dans l’axe vertical de la mosaïque, avec la main du Père tenant la croix sur laquelle repose le Fils. Sur cette même croix, l’Esprit Saint assurant la fécondité de l’œuvre de salut.

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La croix émerge à partir d’une sorte de buisson qui semble être de l’acanthe. Il donne des pétioles, des fleurs ou des fruits. Pourquoi l’acanthe? L’acanthe est une plante au feuillage persistant et qui a le pouvoir de renaître à partir de ses drageons restés sous terre. On lui associe une symbolique de fertilité et de revitalisation, car cette partie de la plante jaillissant de la terre possède un pouvoir nourricier qu’elle transmet aux éléments qui lui sont liés. Cet arbre a donc toutes les qualités pour représenter la croix du Christ comme un arbre vivant dont le fruit va atteindre toute l’humanité. La vitalité de cet arbre renvoie bien sûr à la vie nouvelle qui jaillit du sacrifice du Christ en croix.

D’ailleurs, l’idée de sacrifice est bien exprimée à travers la représentation du Christ en agneau de Dieu (Jn 1,36) entouré de ses disciples, eux-aussi représentés ainsi, sans doute parce qu’ils ont partagé la destinée souffrante de leur maître dans le martyre.

On voit justement sortir tous ces agneaux de chaque extrémité de la mosaïque: à gauche est représentée la ville de Bethleem et à droite celle de Jérusalem. Les deux grands mystères de la vie du Christ sont ainsi évoqués. Ils sont du reste inséparables: l’incarnation (Bethleem) et la passion et résurrection (Jérusalem).

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Au pied de la croix voit-on encore une source d’eau décuplée en quatre fleuves et renvoyant aux quatre fleuves irrigant le jardin d’Eden (Gn 2,10-14): le Pishôn, le Gihôn, le Tigre et l’Euphrate.

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Le Christ nous réintroduit en quelque sorte dans le jardin d’Eden qui avait été perdu depuis Genèse 3. Ainsi, en Christ, le jardin des origines est-il désormais réouvert pour tous.

Surtout, l’arbre qui poussait en son milieu, l’arbre de vie (Gn 2,9) peut à nouveau donner de son fruit. Cet arbre est la croix du Christ! Le motif de l’arbre de vie traverse tout l’Ancien Testament sous la forme de prophéties, avant de trouver son accomplissement en Jésus-Christ mort et ressuscité:

Au bord du torrent, sur les deux rives, toutes sortes d’arbres fruitiers pousseront ; leur feuillage ne se flétrira pas et leurs fruits ne manqueront pas. Chaque mois ils porteront des fruits nouveaux, car cette eau vient du sanctuaire. Les fruits seront une nourriture, et les feuilles un remède. (Ez 47,12)

Dans la vision d’Ezéchiel, des arbres fruitiers alimentés par la source qui jaillit du Temple portent des feuilles et des fruits chaque mois de l’année. Cette théologie est reprise et interprétée dans les évangiles : le Christ mort et ressuscité est présenté comme étant lui-même le nouveau Temple d’où jaillit la source de l’eau jaillissant en vie éternelle.

19 Jésus leur répondit : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » 20 Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais!» 21 Mais lui parlait du sanctuaire de son corps. 22 Aussi, quand il se réveilla d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite. (Jn 2,19-22)
13 Jésus répondit à la Samaritaine : « Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; 14 mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. » 15 La femme lui dit: « Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser. » (Jn 4,13-15)

De plus, on voit des cerfs s’abreuvant à cette source féconde. Ils représentent chacun d’entre nous:

02 Comme un cerf altéré cherche l’eau vive, * ainsi mon âme te cherche toi, mon Dieu. 03 Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant ; * quand pourrai-je m’avancer, paraître face à Dieu ? (Ps 41,2-3)

Où et comment atteindre le Dieu vivant évoqué par le psalmiste, sinon en Christ? Il est le chemin direct qui conduit au Père.

 

La croix du Christ a une fécondité extraordinaire qui atteint les limites du monde créé. Justement, dans son axe horizontal, la croix relie la Trinité à l’ensemble de l’humanité et du cosmos.

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Dans les branches de l’acanthe on voit des hommes exerçant leur métier, mais aussi des animaux, des oiseaux, des plantes, des anges… Bref, toute la création y est représentée dans un magnifique équilibre. Saint Paul n’avait-il pas justement médité sur le salut de l’humanité entraînant celui de toute la création?

20 Car la création a gardé l’espérance 21 d’être, elle aussi, libérée de l’esclavage de la dégradation, pour connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu. 22 Nous le savons bien, la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. 23 Et elle n’est pas seule. Nous aussi, en nous-mêmes, nous gémissons ; nous avons commencé à recevoir l’Esprit Saint, mais nous attendons notre adoption et la rédemption de notre corps. (Rm 8,20-23)

Saint Paul rappelle que nous avons été sauvés, mais en espérance. Cette précision est importante, car le salut n’est pas encore totalement visible, ni dans nos vies, ni dans le monde. Pourtant, il ne faut pas croire que la croix du Christ n’a servi à rien. Non. Il faut plutôt envisager, avec saint Paul, que nous sommes comme pris dans le temps de l’enfantement: le temps de l’attente est douloureux, mais la vie nouvelle est déjà assurée. Déjà, nous avons reçu l’Esprit Saint, mais nous attendons encore notre résurrection. Vivre en disciple du Christ, c’est donc vivre dans l’attente de l’accomplissement du salut réalisé par le Christ. Mais ce salut a déjà commencé. Le royaume est déjà là. Cependant, l’arbre de Vie pousse et grandit encore chaque jour jusqu’à atteindre chaque recoin de la création.

Pour terminer, nous pouvons relire l’hymne de Semaine Sainte intitulé « Ainsi qu’un arbre foudroyé »:

Ainsi qu’un arbre foudroyé – Un tronc seulement, Et deux branches – Voici la croix dressée, Qui porte au-devant du Père Son fruit dérisoire et précieux, Et vers la terre elle se penche. Le sang et l’eau coulent pour nous Du fruit transpercé Par la lance : Perdu mais retrouvé, C’est l’arbre de la Genèse Qui donne au croyant de goûter, Avec la vie, la connaissance. Et si le temple est l’univers, La croix est l’autel Où le prêtre Lui-même s’offre à Dieu, Et veut tenir sa promesse D’offrir avec lui dans l’amour Ceux que sa mort a fait renaître. Salut, ô croix de Jésus-Christ, Toi seule es pour nous L’espérance : Signal de ralliement Planté au milieu des peuples, Échelle dressée dans le ciel, Où Dieu prend l’homme en son alliance.

CFC (f. Pierre-Yves) ©CNPL GA 1976 LMH

Emanuelle Pastore

La basilique Saint Clément de Rome nous offre une magnifique méditation sur Pâques: la croix est devenue un grand arbre dont les branches remplissent le monde entier. Découvrons ensemble la fécondité de cet arbre de vie!

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Choeur de la basilique Saint Clément, Rome. Photo: Wikipédia Derrière l'autel: les douze apôtres, puis au-dessus à nouveau les douze apôtres, mais représentés comme des agneaux autour de l'agneau pascal (le Christ) au centre. Au-dessus, la mosaïque de l'arbre de la vie.

La croix centrale porte le Christ, ainsi que les douze apôtres représentés sous la forme de petites colombes, à moins que celles-ci ne représentent l’Esprit Saint opérant la mystérieuse transformation de l’arbre de la croix en arbre de la vie et assurant sa fécondité, une fécondité qui va atteindre les limites de tout le monde habité par ses branches foisonnantes.

On remarque aussi la Trinité dans l’axe vertical de la mosaïque, avec la main du Père tenant la croix sur laquelle repose le Fils. Sur cette même croix, l’Esprit Saint assurant la fécondité de l’œuvre de salut.

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La croix émerge à partir d’une sorte de buisson qui semble être de l’acanthe. Il donne des pétioles, des fleurs ou des fruits. Pourquoi l’acanthe? L’acanthe est une plante au feuillage persistant et qui a le pouvoir de renaître à partir de ses drageons restés sous terre. On lui associe une symbolique de fertilité et de revitalisation, car cette partie de la plante jaillissant de la terre possède un pouvoir nourricier qu’elle transmet aux éléments qui lui sont liés. Cet arbre a donc toutes les qualités pour représenter la croix du Christ comme un arbre vivant dont le fruit va atteindre toute l’humanité. La vitalité de cet arbre renvoie bien sûr à la vie nouvelle qui jaillit du sacrifice du Christ en croix.

D’ailleurs, l’idée de sacrifice est bien exprimée à travers la représentation du Christ en agneau de Dieu (Jn 1,36) entouré de ses disciples, eux-aussi représentés ainsi, sans doute parce qu’ils ont partagé la destinée souffrante de leur maître dans le martyre.

On voit justement sortir tous ces agneaux de chaque extrémité de la mosaïque: à gauche est représentée la ville de Bethleem et à droite celle de Jérusalem. Les deux grands mystères de la vie du Christ sont ainsi évoqués. Ils sont du reste inséparables: l’incarnation (Bethleem) et la passion et résurrection (Jérusalem).

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Au pied de la croix voit-on encore une source d’eau décuplée en quatre fleuves et renvoyant aux quatre fleuves irrigant le jardin d’Eden (Gn 2,10-14): le Pishôn, le Gihôn, le Tigre et l’Euphrate.

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Le Christ nous réintroduit en quelque sorte dans le jardin d’Eden qui avait été perdu depuis Genèse 3. Ainsi, en Christ, le jardin des origines est-il désormais réouvert pour tous.

Surtout, l’arbre qui poussait en son milieu, l’arbre de vie (Gn 2,9) peut à nouveau donner de son fruit. Cet arbre est la croix du Christ! Le motif de l’arbre de vie traverse tout l’Ancien Testament sous la forme de prophéties, avant de trouver son accomplissement en Jésus-Christ mort et ressuscité:

Au bord du torrent, sur les deux rives, toutes sortes d’arbres fruitiers pousseront ; leur feuillage ne se flétrira pas et leurs fruits ne manqueront pas. Chaque mois ils porteront des fruits nouveaux, car cette eau vient du sanctuaire. Les fruits seront une nourriture, et les feuilles un remède. (Ez 47,12)

Dans la vision d’Ezéchiel, des arbres fruitiers alimentés par la source qui jaillit du Temple portent des feuilles et des fruits chaque mois de l’année. Cette théologie est reprise et interprétée dans les évangiles : le Christ mort et ressuscité est présenté comme étant lui-même le nouveau Temple d’où jaillit la source de l’eau jaillissant en vie éternelle.

19 Jésus leur répondit : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » 20 Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais!» 21 Mais lui parlait du sanctuaire de son corps. 22 Aussi, quand il se réveilla d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite. (Jn 2,19-22)
13 Jésus répondit à la Samaritaine : « Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; 14 mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. » 15 La femme lui dit: « Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser. » (Jn 4,13-15)

De plus, on voit des cerfs s’abreuvant à cette source féconde. Ils représentent chacun d’entre nous:

02 Comme un cerf altéré cherche l’eau vive, * ainsi mon âme te cherche toi, mon Dieu. 03 Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant ; * quand pourrai-je m’avancer, paraître face à Dieu ? (Ps 41,2-3)

Où et comment atteindre le Dieu vivant évoqué par le psalmiste, sinon en Christ? Il est le chemin direct qui conduit au Père.

 

La croix du Christ a une fécondité extraordinaire qui atteint les limites du monde créé. Justement, dans son axe horizontal, la croix relie la Trinité à l’ensemble de l’humanité et du cosmos.

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Dans les branches de l’acanthe on voit des hommes exerçant leur métier, mais aussi des animaux, des oiseaux, des plantes, des anges… Bref, toute la création y est représentée dans un magnifique équilibre. Saint Paul n’avait-il pas justement médité sur le salut de l’humanité entraînant celui de toute la création?

20 Car la création a gardé l’espérance 21 d’être, elle aussi, libérée de l’esclavage de la dégradation, pour connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu. 22 Nous le savons bien, la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. 23 Et elle n’est pas seule. Nous aussi, en nous-mêmes, nous gémissons ; nous avons commencé à recevoir l’Esprit Saint, mais nous attendons notre adoption et la rédemption de notre corps. (Rm 8,20-23)

Saint Paul rappelle que nous avons été sauvés, mais en espérance. Cette précision est importante, car le salut n’est pas encore totalement visible, ni dans nos vies, ni dans le monde. Pourtant, il ne faut pas croire que la croix du Christ n’a servi à rien. Non. Il faut plutôt envisager, avec saint Paul, que nous sommes comme pris dans le temps de l’enfantement: le temps de l’attente est douloureux, mais la vie nouvelle est déjà assurée. Déjà, nous avons reçu l’Esprit Saint, mais nous attendons encore notre résurrection. Vivre en disciple du Christ, c’est donc vivre dans l’attente de l’accomplissement du salut réalisé par le Christ. Mais ce salut a déjà commencé. Le royaume est déjà là. Cependant, l’arbre de Vie pousse et grandit encore chaque jour jusqu’à atteindre chaque recoin de la création.

Pour terminer, nous pouvons relire l’hymne de Semaine Sainte intitulé « Ainsi qu’un arbre foudroyé »:

Ainsi qu’un arbre foudroyé – Un tronc seulement, Et deux branches – Voici la croix dressée, Qui porte au-devant du Père Son fruit dérisoire et précieux, Et vers la terre elle se penche. Le sang et l’eau coulent pour nous Du fruit transpercé Par la lance : Perdu mais retrouvé, C’est l’arbre de la Genèse Qui donne au croyant de goûter, Avec la vie, la connaissance. Et si le temple est l’univers, La croix est l’autel Où le prêtre Lui-même s’offre à Dieu, Et veut tenir sa promesse D’offrir avec lui dans l’amour Ceux que sa mort a fait renaître. Salut, ô croix de Jésus-Christ, Toi seule es pour nous L’espérance : Signal de ralliement Planté au milieu des peuples, Échelle dressée dans le ciel, Où Dieu prend l’homme en son alliance.

CFC (f. Pierre-Yves) ©CNPL GA 1976 LMH

Emanuelle Pastore