Un magnifique sceau a été retrouvé lors de fouilles archéologiques à Megiddo, en 1904. Après sa découverte, le sceau avait été envoyé comme cadeau à la collection du sultan ottoman au palais de Topkapi à Constantinople, la capitale de l’Empire dont la Palestine était l’une des provinces. Depuis, la pièce a disparu. Elle était en pierre de jaspe, probablement sertie dans un anneau, bien que de grande taille (37 x 27 x 17 mm). Le seul souvenir qui en reste est une copie faite en bronze (ci-dessous), exposée au musée Rockfeller, à Jérusalem. Mais… à qui appartenait ce sceau? Que représente le lion? Que signifient les inscriptions?

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Représentation en bronze du sceau découvert à Megiddo en 1904. Photo: Autorité des Antiquités d'Israël

Les inscriptions

Les inscriptions indiquent: « Appartenant à Shema, serviteur de Jéroboam ». Il s’agit probablement de Jéroboam II (784-748 av. J.-C.), régnant sur le royaume du Nord (Israël) au 8ème siècle av. J.-C.

Ligne 1: LŠM‘ Traduction: de Šm‘

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Ligne 2: ‘BD YRB‘M Traduction: serviteur de Yrb‘m

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Que sait-on sur le royaume d’Israël au 8ème s. av. J.-C.?

Au début du 8ème siècle, sous domination assyrienne, le royaume du Nord (Israël) atteignit un zénith de prospérité économique, d’expansion territoriale et d’influence diplomatique. L’archéologie le montre par des ostraca porteurs d’inscriptions hébraïques, découverts dans le palais de Samarie (capitale du royaume du nord), et dont les listes de produits agricoles et de fonctionnaire royaux attestent d’une solide organisation économique et bureaucratique. Les ivoires finement sculptés de Samarie témoignent d’une efflorescence d’œuvres d’art inspirées du style phénicien. Le sceau royal de Shema est l’indice du développement d’une bureaucratie régionale en mentionnant Shema, le serviteur de Jéroboam. Les importants bâtiments de Megiddo sont les vestiges d’une activité commerciale à grande échelle, lucrative et spécialisée. Quant aux énormes portes de cités, aux puissantes fortifications et aux complexes systèmes d’aqueducs souterrains, découverts à Haçor et à Megiddo, ils témoignent de capacités impressionnantes dans la mise en œuvre de grands travaux publics.

Qui était le roi Jéroboam II ?

Nous ne savons de ce roi que ce que le récit biblique nous en livre. Il s’agit d’un personnage ambivalent, puisque d’une part il fit ce qui déplut au Seigneur et, d’autre part, il réalisa également des prouesses qui permirent au royaume de subsister :

« En la quinzième année d’Amasias fils de Joas, roi de Juda, Jéroboam fils de Joas devint roi d’Israël à Samarie ; il régna quarante et un ans. Il fit ce qui déplaît au Seigneur, il ne se détourna pas de tous les péchés de Jéroboam fils de Nebat, où celui-ci avait entraîné Israël. C’est lui qui recouvra le territoire d’Israël, depuis l’Entrée de Hamat jusqu’à la mer de la Araba, selon ce que le Seigneur, Dieu d’Israël, avait dit par le ministère de son serviteur, le prophète Jonas fils d’Amittaï, qui était de Gat-Hépher. Car le Seigneur avait vu la très amère détresse d’Israël: plus de liés ni de libres et personne pour secourir Israël. Le Seigneur n’avait pas décidé d’effacer le nom d’Israël de dessous le ciel et il le sauva par les mains de Jéroboam fils de Joas. Le reste de l’histoire de Jéroboam, tout ce qu’il a fait et ses exploits, comment il guerroya et comment il fit revenir Damas et Hamat à Juda et à Israël, cela n’est-il pas écrit au livre des Annales de Juda et à Israël, cela n’est-il pas écrit au livre des Annales des rois d’Israël ? Jéroboam se coucha avec ses pères. On l’enterra à Samarie auprès des rois d’Israël et son fils Zacharie régna à sa place.» (2 Rois 14, 23‑29)

Copie du sceau Photo: E. Pastore

A quoi servait un sceau?

Un sceau était l’équivalent d’une signature aujourd’hui. On imprimait la marque du sceau dans de l’argile, probablement pour sceller des papyrus, parfois du tissu et parfois du bois – peut-être aussi des boîtes et peut-être des paquets. Toutefois, des éléments pourraient aussi indiquer que ces empruntes de sceau n’ont jamais servi à sceller quoi que ce soit, Elles ont pu être fabriquées à l’occasion d’un accord à passer ou d’une transaction officielle à certifier.

Bulle d’argile représentant un lion Photo: Times of Israel

Cette bulle d’argile (23 x 19 mm) est l’emprunte d’un sceau très ressemblant à celui de Shema. Elle a été achetée sur un marché bédoin, près de Bersheva, dans les années 1980. Elle pourrait remonter à l’époque du même roi Jéroboam II évoqué plus haut. Néanmoins, cette emprunte ne correspond pas au sceau de Shema, car les dimensions ne sont pas les mêmes.

Vous voulez en savoir plus? Découvrez le sceau du roi Ézéchias en cliquant ici.

Pourquoi le lion? Que symbolise-t-il dans la Bible?

Le lion est l’un des animaux les plus cités de la Bible. Avant l’époque romaine, c’était un véritable danger pour les troupeaux autour du Jourdain (Jr 49,19 ; Am 3,12 ; Is 31,4). « Le plus valeureux des animaux, qui ne recule devant rien » (Pr 3,12 ; Is 31,4). « Le plus valeureux des animaux, qui ne recule devant rien » (Pr 30,30) est surtout cité pour sa force physique, qui suscite crainte et respect. Majestueux et dominant les autres créatures, le lion est aussi un symbole de royauté : le trône de Salomon en est entouré (1 R 10,19) et de nombreux rois lui sont comparés (Saül, 2 S 1,23 ; le roi de Babylone, Jr 50,44…). 

Il figure aussi la puissance du peuple (Nb 23,24 ; Mi 5,7 ; surtout la grande allégorie de la lionne, Ez 19) et des ennemis (Jr 4,7 ; Ps 10,9). 

Le trône de Salomon, gravure de Gustave Doré

Le lion, figure de l’action divine

Dieu rugit comme un lion :

« Et toi, tu leur annonceras toutes ces paroles, tu leur diras : YHWH rugit d’en haut, de sa demeure sainte il élève la voix, il rugit avec vigueur contre son pacage, il pousse le cri des fouleurs à la cuve contre tous les habitant son pacage, il pousse le cri des fouleurs à la cuve contre tous les habitants de la terre. » (Jr 25, 30)

« Derrière YHWH ils marcheront, comme un lion il rugira ; et quand il rugira, les fils viendront, tremblants, de l’Occident. » (Os 11, 10)

« Il dit : De Sion, YHWH rugit, et de Jérusalem, il donne de la voix ; les pacages des bergers sont en deuil et le sommet du Carmel se dessèche. » (Am 1, 2)

« Le lion a rugi : qui ne craindrait ? Le Seigneur YHWH a parlé : qui ne prophétiserait ? » (Am 3, 8)

Le diable aussi rugit comme un lion (1 P 5,8), ainsi que l’ange qui tient le petit livre  dans l’Apocalypse (Ap 10,3). Le lion est également l’instrument de la colère de Dieu contre les orgueilleux (Si 27,28), les idolâtres (2 R 17,24-26) et ceux qui désobéissent, comme l’homme de Dieu qui arriva à Béthel pour prophétiser le règne de Josias mais désobéit à l’interdiction de Dieu de ne rien manger, ni boire, ni reprendre le même chemin au retour qu’à l’aller : il est tué par un lion, qui veille ensuite son cadavre sans le dévorer (1 R 13).

Les hommes courageux qui tuent un lion

Plusieurs grands personnages bibliques ont montré leur force impressionnante en tuant des lions. Tout d’abord, le vigoureux Samson qui, alors qu’il rend visite à sa fiancée, croise un lionceau et, pénétré de l’esprit du Seigneur, le déchire à mains nues (Jg 14,5-6). Au retour, il va voir la carcasse du lion. Il y trouve des abeilles et mange de leur miel. Le lion peut être considéré comme un avertissement, car il figure souvent la colère de Dieu. Samson est un personnage qui agit souvent sur des impulsions, suivant sa violence ou ses désirs, et qui aime se mettre en danger, ce qui le conduira à perdre sa force.

Samson tuant le lion, Franz von Stuck (1891) Photo: Wikipédia

La tradition chrétienne interprète ici, dans l’épisode de Samson, le lion comme  une figure du mal ou du sacrifice : vaincu, il fait place aux abeilles, qui préfigurent le monde nouveau.

Un autre personnage réputé pour sa force hors du commun est capable de battre un lion, révélant sa capacité à devenir roi : le jeune David tue lions et ours s’attaquant au troupeau de son père. Il déclare ensuite à Saül qu’il ira combattre Goliath :

«Ton serviteur a frappé le lion et l’ours. Ce Philistin incirconcis sera comme l’un d’entre eux, car il a défié les lignes du Dieu vivant » (1 S 17,34-36). 

L’un des braves de David se fait aussi remarquer par sa vaillance en descendant un jour de neige frapper un lion dans une citerne (2 S 23,20). 

Daniel dans la fosse aux lions

Ce  n’est pas sa force physique mais la grandeur de sa foi qui sauve Daniel des lions. Déporté à Babylone, il interprète les songes du roi Darius qui lui accorde toute sa confiance. Il en fait l’un de ses ministres, mais des jaloux cherchent des griefs contre lui. N’en trouvant pas, ils demandent à Darius d’établir une constitution royale :

«Quiconque, durant trente jours, adresserait une prière à quelque dieu ou homme excepté toi-même, ô roi, serait jeté dans la fosse aux lions» (Dn 6,8). 6,8).

Trouvant Daniel en prière, ils s’en saisissent. La loi des Mèdes et des Perses est irrévocable, et c’est à regret que Darius voit Daniel conduit à la fosse aux lions, lui déclarant: lui déclarant:

«Ton Dieu, que tu sers avec constance, lui te délivrera » (Dn 6,17). 

À l’aurore, il trouve Daniel indemne, qui lui déclare : 

« Ô roi ! Vis à jamais ! Mon Dieu a envoyé son ange ; il a fermé la gueule des lions et ceux-ci ne m’ont fait aucun mal, car j’avais été trouvé juste devant lui, et vis-à-vis de toi non plus, ô roi, je n’avais fait aucun mal» (Dn 6,23).

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Chapiteau représentant Daniel dans la fosse aux lions. Musée du Louvre

Ainsi, les lions, au lieu de tuer Daniel sur ordre de la justice humaine, sont vaincus par la foi de ce prophète et obéissent à la justice divine, montrant la souveraineté de Dieu.

Le lion, symbole du Christ

Force, pouvoir et majesté du lion en font, dans l’Apocalypse, le symbole du Christ ressuscité, vainqueur de la mort indomptable par les hommes. Cette symbolisation est issue de la bénédiction de Jacob à chacun de ses douze fils, ancêtres des tribus d’Israël. À Juda il tient ce discours :

Juda, c’est toi que tes frères célébreront, ta main pèsera sur la nuque de tes ennemis, les fils de ton père se prosterneront devant toi. Tu es un lionceau, ô Juda, ô mon fils, tu es revenu du carnage ! Il a fléchi le genou et s’est couché tel un lion et telle une lionne, qui le fera lever? Le sceptre ne s’écartera pas de Juda, ni le bâton de commandement d’entre ses pied jusqu’à ce que vienne celui auquel il appartient et à qui les peuples doivent obéissance. (Gn 49,8-10)

C’est de cette tribu que le roi David sera issu, lui-même ancêtre de Jésus  (parfois désigné comme le « fils de David »).  L’Apocalypse revient sur cette généalogie lorsque Jean se désole que personne ne puisse lire le livre de Dieu:

Mais l’un des anciens me dit: Ne pleure pas! Voici, il a remporté la victoire, le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David: il ouvrira le livre et les sept sceaux. (Ap 5,5)

Le lion, emblème de l’évangéliste Marc

Enfin, le lion est l’emblème de l’évangéliste Marc, chaque évangéliste étant identifié à chacune  des  quatre  faces  des « quatre vivants » de la vision d’Ézéchiel (Ez 1,1-14), association consacrée par les Pères de l’Église à partir de saint Jérôme (4è-5è siècle). 

Tour Saint Jacques, Paris, avec les quatre évangélistes Photo: Wikimédia

L’iconographie représente chaque évangéliste par un des quatre vivants, ou le  fait figurer à son côté : l’homme est attribué à Matthieu dont l’évangile commence par la généalogie du Christ. Le taureau, animal sacrificiel, est attribué à Luc, qui évoque dès le début le prêtre Zacharie. À Marc est attribué le lion, car il commence  son évangile par l’évocation d’une voix qui crie dans le désert (Mc 1,3), comparable au rugissement du lion. Quant à Jean, il est représenté par un aigle, peut-être parce qu’il a la vue aussi perçante que l’aigle. En effet, dans son Apocalypse, Jean évoque le plus important des événements à venir: le retour du Christ au dernier jour.

Emanuelle Pastore

Un magnifique sceau a été retrouvé lors de fouilles archéologiques à Megiddo, en 1904. Après sa découverte, le sceau avait été envoyé comme cadeau à la collection du sultan ottoman au palais de Topkapi à Constantinople, la capitale de l’Empire dont la Palestine était l’une des provinces. Depuis, la pièce a disparu. Elle était en pierre de jaspe, probablement sertie dans un anneau, bien que de grande taille (37 x 27 x 17 mm). Le seul souvenir qui en reste est une copie faite en bronze (ci-dessous), exposée au musée Rockfeller, à Jérusalem. Mais… à qui appartenait ce sceau? Que représente le lion? Que signifient les inscriptions?

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Représentation en bronze du sceau découvert à Megiddo en 1904. Photo: Autorité des Antiquités d'Israël

Les inscriptions

Les inscriptions indiquent: « Appartenant à Shema, serviteur de Jéroboam ». Il s’agit probablement de Jéroboam II (784-748 av. J.-C.), régnant sur le royaume du Nord (Israël) au 8ème siècle av. J.-C.

Ligne 1: LŠM‘ Traduction: de Šm‘

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Ligne 2: ‘BD YRB‘M Traduction: serviteur de Yrb‘m

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Que sait-on sur le royaume d’Israël au 8ème s. av. J.-C.?

Au début du 8ème siècle, sous domination assyrienne, le royaume du Nord (Israël) atteignit un zénith de prospérité économique, d’expansion territoriale et d’influence diplomatique. L’archéologie le montre par des ostraca porteurs d’inscriptions hébraïques, découverts dans le palais de Samarie (capitale du royaume du nord), et dont les listes de produits agricoles et de fonctionnaire royaux attestent d’une solide organisation économique et bureaucratique. Les ivoires finement sculptés de Samarie témoignent d’une efflorescence d’œuvres d’art inspirées du style phénicien. Le sceau royal de Shema est l’indice du développement d’une bureaucratie régionale en mentionnant Shema, le serviteur de Jéroboam. Les importants bâtiments de Megiddo sont les vestiges d’une activité commerciale à grande échelle, lucrative et spécialisée. Quant aux énormes portes de cités, aux puissantes fortifications et aux complexes systèmes d’aqueducs souterrains, découverts à Haçor et à Megiddo, ils témoignent de capacités impressionnantes dans la mise en œuvre de grands travaux publics.

Qui était le roi Jéroboam II ?

Nous ne savons de ce roi que ce que le récit biblique nous en livre. Il s’agit d’un personnage ambivalent, puisque d’une part il fit ce qui déplut au Seigneur et, d’autre part, il réalisa également des prouesses qui permirent au royaume de subsister :

« En la quinzième année d’Amasias fils de Joas, roi de Juda, Jéroboam fils de Joas devint roi d’Israël à Samarie ; il régna quarante et un ans. Il fit ce qui déplaît au Seigneur, il ne se détourna pas de tous les péchés de Jéroboam fils de Nebat, où celui-ci avait entraîné Israël. C’est lui qui recouvra le territoire d’Israël, depuis l’Entrée de Hamat jusqu’à la mer de la Araba, selon ce que le Seigneur, Dieu d’Israël, avait dit par le ministère de son serviteur, le prophète Jonas fils d’Amittaï, qui était de Gat-Hépher. Car le Seigneur avait vu la très amère détresse d’Israël: plus de liés ni de libres et personne pour secourir Israël. Le Seigneur n’avait pas décidé d’effacer le nom d’Israël de dessous le ciel et il le sauva par les mains de Jéroboam fils de Joas. Le reste de l’histoire de Jéroboam, tout ce qu’il a fait et ses exploits, comment il guerroya et comment il fit revenir Damas et Hamat à Juda et à Israël, cela n’est-il pas écrit au livre des Annales de Juda et à Israël, cela n’est-il pas écrit au livre des Annales des rois d’Israël ? Jéroboam se coucha avec ses pères. On l’enterra à Samarie auprès des rois d’Israël et son fils Zacharie régna à sa place.» (2 Rois 14, 23‑29)

Copie du sceau Photo: E. Pastore

A quoi servait un sceau?

Un sceau était l’équivalent d’une signature aujourd’hui. On imprimait la marque du sceau dans de l’argile, probablement pour sceller des papyrus, parfois du tissu et parfois du bois – peut-être aussi des boîtes et peut-être des paquets. Toutefois, des éléments pourraient aussi indiquer que ces empruntes de sceau n’ont jamais servi à sceller quoi que ce soit, Elles ont pu être fabriquées à l’occasion d’un accord à passer ou d’une transaction officielle à certifier.

Bulle d’argile représentant un lion Photo: Times of Israel

Cette bulle d’argile (23 x 19 mm) est l’emprunte d’un sceau très ressemblant à celui de Shema. Elle a été achetée sur un marché bédoin, près de Bersheva, dans les années 1980. Elle pourrait remonter à l’époque du même roi Jéroboam II évoqué plus haut. Néanmoins, cette emprunte ne correspond pas au sceau de Shema, car les dimensions ne sont pas les mêmes.

Vous voulez en savoir plus? Découvrez le sceau du roi Ézéchias en cliquant ici.

Pourquoi le lion? Que symbolise-t-il dans la Bible?

Le lion est l’un des animaux les plus cités de la Bible. Avant l’époque romaine, c’était un véritable danger pour les troupeaux autour du Jourdain (Jr 49,19 ; Am 3,12 ; Is 31,4). « Le plus valeureux des animaux, qui ne recule devant rien » (Pr 3,12 ; Is 31,4). « Le plus valeureux des animaux, qui ne recule devant rien » (Pr 30,30) est surtout cité pour sa force physique, qui suscite crainte et respect. Majestueux et dominant les autres créatures, le lion est aussi un symbole de royauté : le trône de Salomon en est entouré (1 R 10,19) et de nombreux rois lui sont comparés (Saül, 2 S 1,23 ; le roi de Babylone, Jr 50,44…). 

Il figure aussi la puissance du peuple (Nb 23,24 ; Mi 5,7 ; surtout la grande allégorie de la lionne, Ez 19) et des ennemis (Jr 4,7 ; Ps 10,9). 

Le trône de Salomon, gravure de Gustave Doré

Le lion, figure de l’action divine

Dieu rugit comme un lion :

« Et toi, tu leur annonceras toutes ces paroles, tu leur diras : YHWH rugit d’en haut, de sa demeure sainte il élève la voix, il rugit avec vigueur contre son pacage, il pousse le cri des fouleurs à la cuve contre tous les habitant son pacage, il pousse le cri des fouleurs à la cuve contre tous les habitants de la terre. » (Jr 25, 30)

« Derrière YHWH ils marcheront, comme un lion il rugira ; et quand il rugira, les fils viendront, tremblants, de l’Occident. » (Os 11, 10)

« Il dit : De Sion, YHWH rugit, et de Jérusalem, il donne de la voix ; les pacages des bergers sont en deuil et le sommet du Carmel se dessèche. » (Am 1, 2)

« Le lion a rugi : qui ne craindrait ? Le Seigneur YHWH a parlé : qui ne prophétiserait ? » (Am 3, 8)

Le diable aussi rugit comme un lion (1 P 5,8), ainsi que l’ange qui tient le petit livre  dans l’Apocalypse (Ap 10,3). Le lion est également l’instrument de la colère de Dieu contre les orgueilleux (Si 27,28), les idolâtres (2 R 17,24-26) et ceux qui désobéissent, comme l’homme de Dieu qui arriva à Béthel pour prophétiser le règne de Josias mais désobéit à l’interdiction de Dieu de ne rien manger, ni boire, ni reprendre le même chemin au retour qu’à l’aller : il est tué par un lion, qui veille ensuite son cadavre sans le dévorer (1 R 13).

Les hommes courageux qui tuent un lion

Plusieurs grands personnages bibliques ont montré leur force impressionnante en tuant des lions. Tout d’abord, le vigoureux Samson qui, alors qu’il rend visite à sa fiancée, croise un lionceau et, pénétré de l’esprit du Seigneur, le déchire à mains nues (Jg 14,5-6). Au retour, il va voir la carcasse du lion. Il y trouve des abeilles et mange de leur miel. Le lion peut être considéré comme un avertissement, car il figure souvent la colère de Dieu. Samson est un personnage qui agit souvent sur des impulsions, suivant sa violence ou ses désirs, et qui aime se mettre en danger, ce qui le conduira à perdre sa force.

Samson tuant le lion, Franz von Stuck (1891) Photo: Wikipédia

La tradition chrétienne interprète ici, dans l’épisode de Samson, le lion comme  une figure du mal ou du sacrifice : vaincu, il fait place aux abeilles, qui préfigurent le monde nouveau.

Un autre personnage réputé pour sa force hors du commun est capable de battre un lion, révélant sa capacité à devenir roi : le jeune David tue lions et ours s’attaquant au troupeau de son père. Il déclare ensuite à Saül qu’il ira combattre Goliath :

«Ton serviteur a frappé le lion et l’ours. Ce Philistin incirconcis sera comme l’un d’entre eux, car il a défié les lignes du Dieu vivant » (1 S 17,34-36). 

L’un des braves de David se fait aussi remarquer par sa vaillance en descendant un jour de neige frapper un lion dans une citerne (2 S 23,20). 

Daniel dans la fosse aux lions

Ce  n’est pas sa force physique mais la grandeur de sa foi qui sauve Daniel des lions. Déporté à Babylone, il interprète les songes du roi Darius qui lui accorde toute sa confiance. Il en fait l’un de ses ministres, mais des jaloux cherchent des griefs contre lui. N’en trouvant pas, ils demandent à Darius d’établir une constitution royale :

«Quiconque, durant trente jours, adresserait une prière à quelque dieu ou homme excepté toi-même, ô roi, serait jeté dans la fosse aux lions» (Dn 6,8). 6,8).

Trouvant Daniel en prière, ils s’en saisissent. La loi des Mèdes et des Perses est irrévocable, et c’est à regret que Darius voit Daniel conduit à la fosse aux lions, lui déclarant: lui déclarant:

«Ton Dieu, que tu sers avec constance, lui te délivrera » (Dn 6,17). 

À l’aurore, il trouve Daniel indemne, qui lui déclare : 

« Ô roi ! Vis à jamais ! Mon Dieu a envoyé son ange ; il a fermé la gueule des lions et ceux-ci ne m’ont fait aucun mal, car j’avais été trouvé juste devant lui, et vis-à-vis de toi non plus, ô roi, je n’avais fait aucun mal» (Dn 6,23).

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Chapiteau représentant Daniel dans la fosse aux lions. Musée du Louvre

Ainsi, les lions, au lieu de tuer Daniel sur ordre de la justice humaine, sont vaincus par la foi de ce prophète et obéissent à la justice divine, montrant la souveraineté de Dieu.

Le lion, symbole du Christ

Force, pouvoir et majesté du lion en font, dans l’Apocalypse, le symbole du Christ ressuscité, vainqueur de la mort indomptable par les hommes. Cette symbolisation est issue de la bénédiction de Jacob à chacun de ses douze fils, ancêtres des tribus d’Israël. À Juda il tient ce discours :

Juda, c’est toi que tes frères célébreront, ta main pèsera sur la nuque de tes ennemis, les fils de ton père se prosterneront devant toi. Tu es un lionceau, ô Juda, ô mon fils, tu es revenu du carnage ! Il a fléchi le genou et s’est couché tel un lion et telle une lionne, qui le fera lever? Le sceptre ne s’écartera pas de Juda, ni le bâton de commandement d’entre ses pied jusqu’à ce que vienne celui auquel il appartient et à qui les peuples doivent obéissance. (Gn 49,8-10)

C’est de cette tribu que le roi David sera issu, lui-même ancêtre de Jésus  (parfois désigné comme le « fils de David »).  L’Apocalypse revient sur cette généalogie lorsque Jean se désole que personne ne puisse lire le livre de Dieu:

Mais l’un des anciens me dit: Ne pleure pas! Voici, il a remporté la victoire, le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David: il ouvrira le livre et les sept sceaux. (Ap 5,5)

Le lion, emblème de l’évangéliste Marc

Enfin, le lion est l’emblème de l’évangéliste Marc, chaque évangéliste étant identifié à chacune  des  quatre  faces  des « quatre vivants » de la vision d’Ézéchiel (Ez 1,1-14), association consacrée par les Pères de l’Église à partir de saint Jérôme (4è-5è siècle). 

Tour Saint Jacques, Paris, avec les quatre évangélistes Photo: Wikimédia

L’iconographie représente chaque évangéliste par un des quatre vivants, ou le  fait figurer à son côté : l’homme est attribué à Matthieu dont l’évangile commence par la généalogie du Christ. Le taureau, animal sacrificiel, est attribué à Luc, qui évoque dès le début le prêtre Zacharie. À Marc est attribué le lion, car il commence  son évangile par l’évocation d’une voix qui crie dans le désert (Mc 1,3), comparable au rugissement du lion. Quant à Jean, il est représenté par un aigle, peut-être parce qu’il a la vue aussi perçante que l’aigle. En effet, dans son Apocalypse, Jean évoque le plus important des événements à venir: le retour du Christ au dernier jour.

Emanuelle Pastore