Pourquoi Marie peut-elle être appelée « mère de miséricorde »? Le titre « Reine de miséricorde » célèbre la bonté, la dignité de la Vierge Marie qui, élevée au ciel, exerce le rôle qu’avait préfiguré la reine Esther, car elle supplie sans relâche son Fils pour le salut du peuple.

Le titre « Mère de miséricorde », que St Odon, abbé de Cluny, a été peut-être le premier à attribuer à la Vierge Marie, célèbre justement la mère qui nous a donné Jésus-Christ, en qui est rendue visible la miséricorde du Dieu invisible, mais aussi la mère spirituelle des fidèles, pleine de grâce et de miséricorde.

La Miséricorde est l’attribut de Dieu de toujours : « Seigneur, Seigneur, Dieu de tendresse et de miséricorde, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité » (Ex 34, 6). Ces attributs divins sont au nombre de 13, car Dieu est Amour : « AHaVa » qui, en hébreu, a comme valeur numérique : 13.

En hébreu, il existe deux termes pour dire la miséricorde de Dieu : « Rakhamim », qui signifie « entrailles », car la miséricorde est un acte essentiellement charnel. Il renvoie à la matrice de la femme. Lieu de vie où l’enfant va se former : il va sortir de sa mère grâce aux forces féminines qui impriment un élan inouï vers la vie. La miséricorde est le lieu le plus intime où, le Dieu Créateur qui engendre à la vie, tressaute. Dieu donne la vie en pardonnant, car il est remué jusqu’au plus profond des entrailles. « Rakhem aleynu » : « Prends pitié », c’est-à-dire, donne- nous une impulsion de vie grâce à ton Pardon. C’est l’aspect plus féminin du terme. « Sion avait dit : « Le Seigneur m’a abandonnée, le Seigneur m’a oubliée.» Une femme oublie-t-elle son petit enfant, est-elle sans miséricorde pour le fils de ses entrailles ? Même si les femmes oubliaient, moi je ne t’oublierai pas. Vois, je t’ai gravée sur les paumes de mes mains. » (Is 49, 14-16)

L’autre terme est « hesed » qui signifie : grâce, amour, fidélité, amour plus puissant que la trahison. C’est l’aspect plus masculin du mot. « Accorde à Jacob ta miséricorde, à Abraham ta grâce. » (Mi 7, 20)

Dans le Christ, et par le Christ, Dieu devient visible dans sa miséricorde. Le Christ confère à toute la tradition vétéro-testamentaire de la miséricorde divine sa signification définitive. Non seulement, il en parle… mais surtout il l’incarne et la personnifie. Il est lui-même, en un certain sens, la miséricorde. (La Miséricorde divine n°2 – Lettre encyclique Jean-Paul II 1980).
La croix est le moyen le plus profond pour la divinité de se pencher sur l’homme… La croix est comme un toucher de l’amour éternel sur les blessures les plus douloureuses de l’existence terrestre de l’homme, et l’accomplissement jusqu’au bout du programme messianique que le Christ avait formulé dans la synagogue de Nazareth… (La Miséricorde divine, n°8)

Enfin et surtout, la Vierge Marie apparaît comme celle qui exalte la miséricorde de Dieu : tel est bien le motif essentiel du chant du Magnificat : Marie magnifie le Seigneur – non pour sa maternité divine – mais « parce qu’il a jeté les yeux sur l’humilité de sa servante. » (Luc 1, 48). Marie célèbre l’éternelle « miséricorde » de Dieu, l’agir miséricordieux de Dieu envers la servante du Seigneur et vis-à-vis d’Israël son serviteur.

46 Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, 47 exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! 48 Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. 49 Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! 50 Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. 51 Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. 52 Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. 53 Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. 54 Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, 55 de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » (Luc 1,46-55)

Pour comprendre la densité de la miséricorde de Dieu, il faut partir de la Parole révélée, en particulier le Magnificat. Il est à noter que la littérature biblique, spécialement de l’Ancien Testament, ne se base pas sur des concepts abstraits, mais sur des événements et des actions. C’est pourquoi elle donne la préférence aux verbes qui décrivent l’agir, le comportement. Dans le Magnificat, Marie ne chante pas la miséricorde de Dieu avec des affirmations de principe, mais en racontant l’histoire de ses interventions salvifiques.

Marie est icône et transparence de la tendresse de Dieu, précisément parce que atteinte et transformée par la « miséricorde » divine, alors elle célèbre Dieu son Sauveur. Marie se place au sommet du groupe des femmes célèbres et humbles qui ont marqué l’histoire de la libération du peuple de Dieu. Marie est donc au sommet d’Israël, dont elle est le point d’arrivée, et au début de la communauté du Nouveau Testament, dont elle est figure et commencement.

La miséricorde est le centre et le sommet du Magnificat (Lc 1, 54-55) ; le cantique manifeste l’authentique visage de Dieu, qualifié par une éternelle «miséricorde»: de l’expérience d’une miséricorde infinie monte vers Dieu un chant éternel. Ici, la foi de Marie trouve une nouvelle expression :

Ce qui était encore caché à l’Annonciation se libère maintenant, dirait-on, comme une flamme claire, vivifiante de l’Esprit. (La Mère du Rédempteur – Lettre encyclique Jean-Paul II, n°36)

Le Magnificat nous apprend que Marie est un de ces êtres humains qui appartiennent de l’intérieur au Nom de Dieu – Icône de la Tendresse et de la Miséricorde du Père, Marie nous rappelle par son chant qui dit toute l’orientation de sa vie, ce que signifie « être créé à l’image de Dieu. » (Gn 1, 26)

Marie est également celle qui a éprouvé de manière unique la miséricorde de Dieu. « Marie est celle qui connaît le plus à fond le mystère de la miséricorde divine. Elle en sait le prix et sait combien il est grand. » (« La Miséricorde divine » n°9)

Marie est donc celle qui intercède sans cesse pour nous ; recevant dans ses bras le Corps sacré de Jésus qu’elle offre à son Père, elle accomplit cette Parole du prophète Jérémie : « Souvenez-vous, je me suis tenue devant Vous pour intercéder en leur faveur. » (Jr 18, 20)

Marie-Christophe Maillard

Pourquoi Marie peut-elle être appelée « mère de miséricorde »? Le titre « Reine de miséricorde » célèbre la bonté, la dignité de la Vierge Marie qui, élevée au ciel, exerce le rôle qu’avait préfiguré la reine Esther, car elle supplie sans relâche son Fils pour le salut du peuple.

Le titre « Mère de miséricorde », que St Odon, abbé de Cluny, a été peut-être le premier à attribuer à la Vierge Marie, célèbre justement la mère qui nous a donné Jésus-Christ, en qui est rendue visible la miséricorde du Dieu invisible, mais aussi la mère spirituelle des fidèles, pleine de grâce et de miséricorde.

La Miséricorde est l’attribut de Dieu de toujours : « Seigneur, Seigneur, Dieu de tendresse et de miséricorde, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité » (Ex 34, 6). Ces attributs divins sont au nombre de 13, car Dieu est Amour : « AHaVa » qui, en hébreu, a comme valeur numérique : 13.

En hébreu, il existe deux termes pour dire la miséricorde de Dieu : « Rakhamim », qui signifie « entrailles », car la miséricorde est un acte essentiellement charnel. Il renvoie à la matrice de la femme. Lieu de vie où l’enfant va se former : il va sortir de sa mère grâce aux forces féminines qui impriment un élan inouï vers la vie. La miséricorde est le lieu le plus intime où, le Dieu Créateur qui engendre à la vie, tressaute. Dieu donne la vie en pardonnant, car il est remué jusqu’au plus profond des entrailles. « Rakhem aleynu » : « Prends pitié », c’est-à-dire, donne- nous une impulsion de vie grâce à ton Pardon. C’est l’aspect plus féminin du terme. « Sion avait dit : « Le Seigneur m’a abandonnée, le Seigneur m’a oubliée.» Une femme oublie-t-elle son petit enfant, est-elle sans miséricorde pour le fils de ses entrailles ? Même si les femmes oubliaient, moi je ne t’oublierai pas. Vois, je t’ai gravée sur les paumes de mes mains. » (Is 49, 14-16)

L’autre terme est « hesed » qui signifie : grâce, amour, fidélité, amour plus puissant que la trahison. C’est l’aspect plus masculin du mot. « Accorde à Jacob ta miséricorde, à Abraham ta grâce. » (Mi 7, 20)

Dans le Christ, et par le Christ, Dieu devient visible dans sa miséricorde. Le Christ confère à toute la tradition vétéro-testamentaire de la miséricorde divine sa signification définitive. Non seulement, il en parle… mais surtout il l’incarne et la personnifie. Il est lui-même, en un certain sens, la miséricorde. (La Miséricorde divine n°2 – Lettre encyclique Jean-Paul II 1980).
La croix est le moyen le plus profond pour la divinité de se pencher sur l’homme… La croix est comme un toucher de l’amour éternel sur les blessures les plus douloureuses de l’existence terrestre de l’homme, et l’accomplissement jusqu’au bout du programme messianique que le Christ avait formulé dans la synagogue de Nazareth… (La Miséricorde divine, n°8)

Enfin et surtout, la Vierge Marie apparaît comme celle qui exalte la miséricorde de Dieu : tel est bien le motif essentiel du chant du Magnificat : Marie magnifie le Seigneur – non pour sa maternité divine – mais « parce qu’il a jeté les yeux sur l’humilité de sa servante. » (Luc 1, 48). Marie célèbre l’éternelle « miséricorde » de Dieu, l’agir miséricordieux de Dieu envers la servante du Seigneur et vis-à-vis d’Israël son serviteur.

46 Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, 47 exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! 48 Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. 49 Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! 50 Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. 51 Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. 52 Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. 53 Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. 54 Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, 55 de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » (Luc 1,46-55)

Pour comprendre la densité de la miséricorde de Dieu, il faut partir de la Parole révélée, en particulier le Magnificat. Il est à noter que la littérature biblique, spécialement de l’Ancien Testament, ne se base pas sur des concepts abstraits, mais sur des événements et des actions. C’est pourquoi elle donne la préférence aux verbes qui décrivent l’agir, le comportement. Dans le Magnificat, Marie ne chante pas la miséricorde de Dieu avec des affirmations de principe, mais en racontant l’histoire de ses interventions salvifiques.

Marie est icône et transparence de la tendresse de Dieu, précisément parce que atteinte et transformée par la « miséricorde » divine, alors elle célèbre Dieu son Sauveur. Marie se place au sommet du groupe des femmes célèbres et humbles qui ont marqué l’histoire de la libération du peuple de Dieu. Marie est donc au sommet d’Israël, dont elle est le point d’arrivée, et au début de la communauté du Nouveau Testament, dont elle est figure et commencement.

La miséricorde est le centre et le sommet du Magnificat (Lc 1, 54-55) ; le cantique manifeste l’authentique visage de Dieu, qualifié par une éternelle «miséricorde»: de l’expérience d’une miséricorde infinie monte vers Dieu un chant éternel. Ici, la foi de Marie trouve une nouvelle expression :

Ce qui était encore caché à l’Annonciation se libère maintenant, dirait-on, comme une flamme claire, vivifiante de l’Esprit. (La Mère du Rédempteur – Lettre encyclique Jean-Paul II, n°36)

Le Magnificat nous apprend que Marie est un de ces êtres humains qui appartiennent de l’intérieur au Nom de Dieu – Icône de la Tendresse et de la Miséricorde du Père, Marie nous rappelle par son chant qui dit toute l’orientation de sa vie, ce que signifie « être créé à l’image de Dieu. » (Gn 1, 26)

Marie est également celle qui a éprouvé de manière unique la miséricorde de Dieu. « Marie est celle qui connaît le plus à fond le mystère de la miséricorde divine. Elle en sait le prix et sait combien il est grand. » (« La Miséricorde divine » n°9)

Marie est donc celle qui intercède sans cesse pour nous ; recevant dans ses bras le Corps sacré de Jésus qu’elle offre à son Père, elle accomplit cette Parole du prophète Jérémie : « Souvenez-vous, je me suis tenue devant Vous pour intercéder en leur faveur. » (Jr 18, 20)

Marie-Christophe Maillard