Un tombeau du 1er siècle. La pierre est roulée. Il est vide. Dehors, Jésus ressuscité se fait voir. Dire que c’est sur la résurrection que repose toute la foi chrétienne. Il se pourrait que nous soyons déjà si habitués à cette nouvelle que cela ne nous surprenne plus…

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Tombeau 1er siècle, Israël.

Les femmes, elles, ont de quoi être émues et pleines de joie. Impossible de rester plantées dans l’indifférence. En effet, elles viennent de rencontrer un ange qui leur a annoncé que Jésus, celui qui a été crucifié, est… ressuscité d’entre les morts ! L’ange les charge même d’une mission bien préciser : celle d’aller annoncer aux disciples cette merveilleuse nouvelle et de leur faire savoir que le ressuscité se montrera à eux en Galilée. Les voilà désormais instituées comme messagères et comme apôtres des… apôtres !

Quittant vite le tombeau, tout émues et pleines de joie, elles coururent porter la nouvelle à ses disciples. Et voici que Jésus vint à leur rencontre: “Je vous salue”, dit-il. Et elles de s’approcher et d’étreindre ses pieds en se prosternant devant lui. Alors Jésus leur dit: “Ne craignez point ; allez annoncer à mes frères qu’ils doivent partir pour la Galilée, et là ils me verront.” Tandis qu’elles s’en allaient, voici que quelques hommes de la garde vinrent en ville rapporter aux grands prêtres tout ce qui s’était passé. Ceux-ci tinrent une réunion avec les anciens et, après avoir délibéré, ils donnèrent aux soldats une forte somme d’argent, avec cette consigne : “Vous direz ceci : Ses disciples sont venus de nuit et l’ont dérobé tandis que nous dormions. Que si l’affaire vient aux oreilles du gouverneur, nous nous chargeons de l’amadouer et de vous épargner tout ennui.” Les soldats, ayant pris l’argent, exécutèrent la consigne, et cette histoire s’est colportée parmi les Juifs jusqu’à ce jour. » (Mt 28, 8‑15)
Elles entreprennent donc une course folle pour rejoindre les disciples, lorsque quelque chose de bien plus extraordinaire encore se passe en chemin : Jésus lui-même se montre à elles ! Elles devaient être toutes essoufflées à cause de leur course, lorsque Jésus les arrêta net. « Réjouissez-vous », leur dit-il. Se réjouir, c’est le verbe de la joie devant l’extraordinaire que Dieu fait. Jésus n’a rien le temps d’ajouter que déjà elles se prosternent devant lui et étreignent ses pieds. Jésus se montre à elles, comme si l’annonce de l’ange n’a pas suffi. Il veut que ses messagères et apôtres des apôtres soient des témoins directs de la nouvelle, dont elles sont porteuses. Elles ne font pas que redire ce que l’ange leur a dit, comme s’il s’agissait de la simple répétition d’un message qui leur a été dicté. Elles sont premièrement les destinatrices de l’acte-même de la résurrection de Jésus et c’est en tant que telles qu’elles sont envoyées vers ceux que Jésus appelle « ses frères ».
 
Pourquoi Jésus honore-t-il les femmes d’un tel privilège, alors que les disciples ne verront Jésus que quelques jours plus tard, en Galilée ? On peut répondre en considérant le récit de la passion qui précède. Dans ces chapitres, les Douze sont absents. Ils l’ont abandonné et pris la fuite, précise l’évangéliste (Mt 26,56). Jésus affronte donc seul, d’abord le grand-prêtre, puis Pilate, puis la crucifixion. La seule mention qui soit faite d’un des Douze est celle de Pierre, mais pour nous raconter son triple reniement. La seule mention des disciples dans ces chapitres concerne les femmes : « Il y avait là de nombreuses femmes qui regardaient à distance, celles-là même qui avaient suivi Jésus depuis la Galilée et le servaient » (Mt 27, 55). Et les mêmes femmes seront encore là au rendez-vous du tombeau trois jours après l’ensevelissement. Leur présence courageuse à ces moments clé est naturellement comprise par Jésus comme une preuve de profonde fidélité envers sa personne. Elles ont passé par l’épreuve de la mort avec Jésus, elles sont donc à même de vivre avec lui son passage à la vie. En effet, ne faut-il pas nécessairement passer par la mort pour revenir à la vie ?
 
La deuxième partie du texte évoque l’attitude des grands-prêtres, une attitude contraire à celles des femmes. Celles-ci partent annoncer la bonne nouvelle aux disciples, tandis que les grands-prêtres cherchent à détourner la nouvelle. Ils soudoient les soldats pour que l’action de l’ange roulant la pierre du tombeau, puis la disparition du corps de Jésus, ne puissent être associées à un phénomène surnaturel. Ils font courir le bruit que les disciples de Jésus sont venus dérober le corps. Voilà l’autre version de l’histoire qui s’est colportée parmi les juifs. L’événement de la résurrection de Jésus est la pierre d’achoppement qui va diviser les juifs entre ceux qui y croient et ceux qui refusent d’y croire. Paul ne dira-t-il pas : « si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est votre foi » (1 Co 15, 17)? De quel côté nous situons-nous ? Suis-je du côté des croyants qui ont reçu le témoignage des femmes ? Suis-je plutôt du côté des grands-prêtres qui invoquent la supercherie ?
 
Sachons discerner dans l’événement du tombeau ouvert la profondeur du mystère qui s’y révèle:
Ce qui éclate en définitive au cœur du Mystère de la Résurrection, c’est que l’amour est plus fort que la mort car enfin, notre Seigneur est entré dans la mort uniquement par amour pour nous. Notre Seigneur est entré dans cette épouvantable solitude à laquelle fait allusion l’article du symbole: « Il descendit aux Enfers ». Cela veut dire qu’il connut, seul, la plus épouvantable, la plus désespérante solitude pour nous en délivrer, afin que, désormais, nous ne mourions pas seuls, parce qu’il ne cessera jamais de traverser la mort avec nous. Et, quand on n’est pas seul dans la mort, quand dans la mort on est porté par la vie, quand dans la mort on est assisté par l’amour, la mort dans ce qu’elle a de plus inacceptable est vaincue et définitivement surmontée. (Maurice Zundel, Homélie du 2 avril 1972)
Emanuelle Pastore

Un tombeau du 1er siècle. La pierre est roulée. Il est vide. Dehors, Jésus ressuscité se fait voir. Dire que c’est sur la résurrection que repose toute la foi chrétienne. Il se pourrait que nous soyons déjà si habitués à cette nouvelle que cela ne nous surprenne plus…

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Tombeau 1er siècle, Israël.

Les femmes, elles, ont de quoi être émues et pleines de joie. Impossible de rester plantées dans l’indifférence. En effet, elles viennent de rencontrer un ange qui leur a annoncé que Jésus, celui qui a été crucifié, est… ressuscité d’entre les morts ! L’ange les charge même d’une mission bien préciser : celle d’aller annoncer aux disciples cette merveilleuse nouvelle et de leur faire savoir que le ressuscité se montrera à eux en Galilée. Les voilà désormais instituées comme messagères et comme apôtres des… apôtres !

Quittant vite le tombeau, tout émues et pleines de joie, elles coururent porter la nouvelle à ses disciples. Et voici que Jésus vint à leur rencontre: “Je vous salue”, dit-il. Et elles de s’approcher et d’étreindre ses pieds en se prosternant devant lui. Alors Jésus leur dit: “Ne craignez point ; allez annoncer à mes frères qu’ils doivent partir pour la Galilée, et là ils me verront.” Tandis qu’elles s’en allaient, voici que quelques hommes de la garde vinrent en ville rapporter aux grands prêtres tout ce qui s’était passé. Ceux-ci tinrent une réunion avec les anciens et, après avoir délibéré, ils donnèrent aux soldats une forte somme d’argent, avec cette consigne : “Vous direz ceci : Ses disciples sont venus de nuit et l’ont dérobé tandis que nous dormions. Que si l’affaire vient aux oreilles du gouverneur, nous nous chargeons de l’amadouer et de vous épargner tout ennui.” Les soldats, ayant pris l’argent, exécutèrent la consigne, et cette histoire s’est colportée parmi les Juifs jusqu’à ce jour. » (Mt 28, 8‑15)
Elles entreprennent donc une course folle pour rejoindre les disciples, lorsque quelque chose de bien plus extraordinaire encore se passe en chemin : Jésus lui-même se montre à elles ! Elles devaient être toutes essoufflées à cause de leur course, lorsque Jésus les arrêta net. « Réjouissez-vous », leur dit-il. Se réjouir, c’est le verbe de la joie devant l’extraordinaire que Dieu fait. Jésus n’a rien le temps d’ajouter que déjà elles se prosternent devant lui et étreignent ses pieds. Jésus se montre à elles, comme si l’annonce de l’ange n’a pas suffi. Il veut que ses messagères et apôtres des apôtres soient des témoins directs de la nouvelle, dont elles sont porteuses. Elles ne font pas que redire ce que l’ange leur a dit, comme s’il s’agissait de la simple répétition d’un message qui leur a été dicté. Elles sont premièrement les destinatrices de l’acte-même de la résurrection de Jésus et c’est en tant que telles qu’elles sont envoyées vers ceux que Jésus appelle « ses frères ».
 
Pourquoi Jésus honore-t-il les femmes d’un tel privilège, alors que les disciples ne verront Jésus que quelques jours plus tard, en Galilée ? On peut répondre en considérant le récit de la passion qui précède. Dans ces chapitres, les Douze sont absents. Ils l’ont abandonné et pris la fuite, précise l’évangéliste (Mt 26,56). Jésus affronte donc seul, d’abord le grand-prêtre, puis Pilate, puis la crucifixion. La seule mention qui soit faite d’un des Douze est celle de Pierre, mais pour nous raconter son triple reniement. La seule mention des disciples dans ces chapitres concerne les femmes : « Il y avait là de nombreuses femmes qui regardaient à distance, celles-là même qui avaient suivi Jésus depuis la Galilée et le servaient » (Mt 27, 55). Et les mêmes femmes seront encore là au rendez-vous du tombeau trois jours après l’ensevelissement. Leur présence courageuse à ces moments clé est naturellement comprise par Jésus comme une preuve de profonde fidélité envers sa personne. Elles ont passé par l’épreuve de la mort avec Jésus, elles sont donc à même de vivre avec lui son passage à la vie. En effet, ne faut-il pas nécessairement passer par la mort pour revenir à la vie ?
 
La deuxième partie du texte évoque l’attitude des grands-prêtres, une attitude contraire à celles des femmes. Celles-ci partent annoncer la bonne nouvelle aux disciples, tandis que les grands-prêtres cherchent à détourner la nouvelle. Ils soudoient les soldats pour que l’action de l’ange roulant la pierre du tombeau, puis la disparition du corps de Jésus, ne puissent être associées à un phénomène surnaturel. Ils font courir le bruit que les disciples de Jésus sont venus dérober le corps. Voilà l’autre version de l’histoire qui s’est colportée parmi les juifs. L’événement de la résurrection de Jésus est la pierre d’achoppement qui va diviser les juifs entre ceux qui y croient et ceux qui refusent d’y croire. Paul ne dira-t-il pas : « si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est votre foi » (1 Co 15, 17)? De quel côté nous situons-nous ? Suis-je du côté des croyants qui ont reçu le témoignage des femmes ? Suis-je plutôt du côté des grands-prêtres qui invoquent la supercherie ?
 
Sachons discerner dans l’événement du tombeau ouvert la profondeur du mystère qui s’y révèle:
Ce qui éclate en définitive au cœur du Mystère de la Résurrection, c’est que l’amour est plus fort que la mort car enfin, notre Seigneur est entré dans la mort uniquement par amour pour nous. Notre Seigneur est entré dans cette épouvantable solitude à laquelle fait allusion l’article du symbole: « Il descendit aux Enfers ». Cela veut dire qu’il connut, seul, la plus épouvantable, la plus désespérante solitude pour nous en délivrer, afin que, désormais, nous ne mourions pas seuls, parce qu’il ne cessera jamais de traverser la mort avec nous. Et, quand on n’est pas seul dans la mort, quand dans la mort on est porté par la vie, quand dans la mort on est assisté par l’amour, la mort dans ce qu’elle a de plus inacceptable est vaincue et définitivement surmontée. (Maurice Zundel, Homélie du 2 avril 1972)
Emanuelle Pastore