Voici la croix qui semble naître et pousser par-dessus le chandelier à sept branches. Figure du christianisme naissant du judaïsme? Cette représentation a été trouvée sur une colonne à terre, parmi les ruines du nympheum de Laodicée, en Turquie. Elle en dit long sur les premiers siècles du christianisme.
Laodicée, une ville, une communauté
La ville de Laodicée a été fondée par le roi séleucide Antiochus II, vers 250 av. J.-C. Depuis cette époque, une communauté juive y a été installée. En -62, la collecte d’or que les juifs avaient faite, afin de payer l’impôt du Temple de Jérusalem, fut confisquée par les Romains. Au 1er siècle, cette communauté juive comptait environ 7’500 membres, sans compter les femmes et les enfants.
Le christianisme s’est développé premièrement au sein de communautés juives, comme celle de Laodicée. Paul cite justement la communauté chrétienne de Laodicée qui se réunit chez Nympha. Il demande d’ailleurs à ce que sa lettre destinée aux Colossiens soit d’ailleurs lues aux chrétiens de Laodicée.
Saluez les frères de Laodicée, et aussi Nympha et l’Église qui se rassemble dans sa maison. Et quand on aura lu cette lettre chez vous, faites en sorte qu’on la lise aussi dans l’Église de Laodicée ; lisez aussi vous-mêmes celle qui vous viendra de Laodicée. (Col 4,15-16)
Cette croix surgissant du chandelier à sept branches pourrait être un souvenir de la communauté à laquelle Paul s’adresse. Extraordinaire témoignage de ces premiers chrétiens! L’inscription figure sur une colonne à terre, parmi les ruines du nympheum de Laodicée.
La ville fut finalement abandonnée à la suite d’un important tremblement de terre au début du 7è siècle.
Interprétation du symbole de la croix enchâssée sur le chandelier
Attention, la croix ne remplace pas le chandelier, mais elle s’y enracine. Saint Paul d’ailleurs n’a cessé de revendiquer son origine juive tout en étant devenu chrétien. La première Église était entièrement juive, rappelons-le!
Photos: E. Pastore
L’allégorie qui exprime au mieux la réalité des judéo-chrétiens des premiers siècles de notre ère a justement été développée par Paul, dans son épître aux Romains; il s’agit d’un olivier dont certaines branches ont été cassées, tandis que d’autres sont greffées:
01 Je pose donc la question : Dieu a-t-il rejeté son peuple ? Pas du tout ! Moi-même, en effet, je suis Israélite, de la descendance d’Abraham, de la tribu de Benjamin. 02 Dieu n’a pas rejeté son peuple, que, d’avance, il connaissait. (…) 11 Je pose encore une question : ceux d’Israël ont-ils trébuché pour vraiment tomber ? Pas du tout ! Mais leur faute procure aux nations païennes le salut, pour qu’ils en deviennent jaloux. 12 Or, si leur faute a été richesse pour le monde, si leur amoindrissement a été richesse pour les nations, combien plus le sera leur rassemblement ! 13 Je vous le dis à vous, qui venez des nations païennes : dans la mesure où je suis moi-même apôtre des nations, j’honore mon ministère, 14 mais dans l’espoir de rendre jaloux mes frères selon la chair, et d’en sauver quelques-uns. 15 Si en effet le monde a été réconcilié avec Dieu quand ils ont été mis à l’écart, qu’arrivera-t-il quand ils seront réintégrés ? Ce sera la vie pour ceux qui étaient morts ! 16 Si la partie de la pâte prélevée pour Dieu est sainte, toute la pâte l’est aussi ; si la racine de l’arbre est sainte, les branches le sont aussi. 17 De ces branches, quelques-unes ont été coupées, alors que toi, olivier sauvage, tu as été greffé parmi les branches, et tu as part désormais à la sève que donne la racine de l’olivier. 18 Alors, ne sois pas plein d’orgueil envers les branches ; malgré tout ton orgueil, ce n’est pas toi qui portes la racine, c’est la racine qui te porte. 19 Tu vas me dire : « Des branches ont été coupées pour que moi, je sois greffé ! » 20 Fort bien ! Mais c’est à cause de leur manque de foi qu’elles ont été coupées ; tandis que toi, c’est par la foi que tu tiens bon. Ne fais pas le fanfaron, sois plutôt dans la crainte. 21 Car si Dieu n’a pas épargné les branches d’origine, il ne t’épargnera pas non plus. 22 Observe donc la bonté et la rigueur de Dieu : rigueur pour ceux qui sont tombés, et bonté de Dieu pour toi, si tu demeures dans cette bonté ; autrement, toi aussi tu seras retranché. 23 Quant à eux, s’ils ne demeurent pas dans leur manque de foi, ils seront greffés car Dieu est capable de leur redonner leur place en les greffant. 24 En effet, toi qui étais par ton origine une branche d’olivier sauvage, tu as été greffé, malgré ton origine, sur un olivier cultivé ; à plus forte raison ceux-ci, qui sont d’origine, seront greffés sur leur propre olivier. 25 Frères, pour vous éviter de vous fier à votre propre jugement, je ne veux pas vous laisser dans l’ignorance de ce mystère: l’endurcissement d’une partie d’Israël s’est produit pour laisser à l’ensemble des nations le temps d’entrer. 26 C’est ainsi qu’Israël tout entier sera sauvé, comme dit l’Écriture : De Sion viendra le libérateur, il fera disparaître les impiétés du milieu de Jacob. 27 Telle sera pour eux mon alliance lorsque j’enlèverai leurs péchés. 28 Certes, par rapport à l’Évangile, ils sont des adversaires, et cela, à cause de vous ; mais par rapport au choix de Dieu, ils sont des bien-aimés, et cela, à cause de leurs pères. 29 Les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance. (Rm 11,1-29)
Ce texte est magnifique, même si, certes, pas facile. Je relève quelques idées:
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Dieu ne rejette pas son peuple, le peuple juif (même si son peuple ne cesse de le rejeter, dit Paul), parce que Dieu garde au cœur de ce peuple un reste de fidèles qui ne le rejette pas, un reste qui adhère au messie: ce sont les premiers judéo-chrétiens. Paul en fait partie.
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Les autres juifs, ceux qui n’ont pas accueilli le Christ, se sont endurcis. D’après Paul, cet endurcissement est l’occasion pour que le salut parvienne aux nations et qu’à leur tour celles-ci reviennent évangéliser la partie endurcie d’Israël. Paradoxalement, le salut des nations païennes est donc lié au refus des Juifs. C’est « grâce » à ce refus juif (toujours actuel et permanent) que les nations reçoivent l’évangile. Cela est encore le cas aujourd’hui. Au fond, Paul donne un sens positif au refus juif. Le dessein de Dieu nous échappe, puisqu’il utilise le refus des uns pour évangéliser les autres. Sa sagesse dépasse l’entendement humain…
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Puis vient l’allégorie de l’olivier avec ses deux types de branches. Les branches cassées, mais non séparées, ce sont les juifs endurcis. Ces branches seront recollées, dit Paul. Mais en attendant, dans leur brisure, d’autres branches sont greffées: ce sont les pagano-chrétiens.
Olivier près de Bethleem avec une branche greffée et d’autres branches qui poussent sur la racine. Photos: BiblePlaces
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D’après Benoît XVI, l’Eglise est représentée par cet arbre, dont certaines branches sont Israël (nos frères juifs) et d’autres branches sont les nations (tous les autres). L’Église n’est pas l’assemblée des non-juifs dans laquelle quelques juifs sont entrés! Les débuts du christianisme montrent que c’est plutôt le contraire : l’Église, c’est d’abord l’assemblée d’Israël dans laquelle beaucoup de païens sont entrés par greffe au fil des siècles.
Voici la croix qui semble naître et pousser par-dessus le chandelier à sept branches. Figure du christianisme naissant du judaïsme? Cette représentation a été trouvée sur une colonne à terre, parmi les ruines du nympheum de Laodicée, en Turquie. Elle en dit long sur les premiers siècles du christianisme.
Laodicée, une ville, une communauté
La ville de Laodicée a été fondée par le roi séleucide Antiochus II, vers 250 av. J.-C. Depuis cette époque, une communauté juive y a été installée. En -62, la collecte d’or que les juifs avaient faite, afin de payer l’impôt du Temple de Jérusalem, fut confisquée par les Romains. Au 1er siècle, cette communauté juive comptait environ 7’500 membres, sans compter les femmes et les enfants.
Le christianisme s’est développé premièrement au sein de communautés juives, comme celle de Laodicée. Paul cite justement la communauté chrétienne de Laodicée qui se réunit chez Nympha. Il demande d’ailleurs à ce que sa lettre destinée aux Colossiens soit d’ailleurs lues aux chrétiens de Laodicée.
Saluez les frères de Laodicée, et aussi Nympha et l’Église qui se rassemble dans sa maison. Et quand on aura lu cette lettre chez vous, faites en sorte qu’on la lise aussi dans l’Église de Laodicée ; lisez aussi vous-mêmes celle qui vous viendra de Laodicée. (Col 4,15-16)
Cette croix surgissant du chandelier à sept branches pourrait être un souvenir de la communauté à laquelle Paul s’adresse. Extraordinaire témoignage de ces premiers chrétiens! L’inscription figure sur une colonne à terre, parmi les ruines du nympheum de Laodicée.
La ville fut finalement abandonnée à la suite d’un important tremblement de terre au début du 7è siècle.
Interprétation du symbole de la croix enchâssée sur le chandelier
Attention, la croix ne remplace pas le chandelier, mais elle s’y enracine. Saint Paul d’ailleurs n’a cessé de revendiquer son origine juive tout en étant devenu chrétien. La première Église était entièrement juive, rappelons-le!
Photos: E. Pastore
L’allégorie qui exprime au mieux la réalité des judéo-chrétiens des premiers siècles de notre ère a justement été développée par Paul, dans son épître aux Romains; il s’agit d’un olivier dont certaines branches ont été cassées, tandis que d’autres sont greffées:
01 Je pose donc la question : Dieu a-t-il rejeté son peuple ? Pas du tout ! Moi-même, en effet, je suis Israélite, de la descendance d’Abraham, de la tribu de Benjamin. 02 Dieu n’a pas rejeté son peuple, que, d’avance, il connaissait. (…) 11 Je pose encore une question : ceux d’Israël ont-ils trébuché pour vraiment tomber ? Pas du tout ! Mais leur faute procure aux nations païennes le salut, pour qu’ils en deviennent jaloux. 12 Or, si leur faute a été richesse pour le monde, si leur amoindrissement a été richesse pour les nations, combien plus le sera leur rassemblement ! 13 Je vous le dis à vous, qui venez des nations païennes : dans la mesure où je suis moi-même apôtre des nations, j’honore mon ministère, 14 mais dans l’espoir de rendre jaloux mes frères selon la chair, et d’en sauver quelques-uns. 15 Si en effet le monde a été réconcilié avec Dieu quand ils ont été mis à l’écart, qu’arrivera-t-il quand ils seront réintégrés ? Ce sera la vie pour ceux qui étaient morts ! 16 Si la partie de la pâte prélevée pour Dieu est sainte, toute la pâte l’est aussi ; si la racine de l’arbre est sainte, les branches le sont aussi. 17 De ces branches, quelques-unes ont été coupées, alors que toi, olivier sauvage, tu as été greffé parmi les branches, et tu as part désormais à la sève que donne la racine de l’olivier. 18 Alors, ne sois pas plein d’orgueil envers les branches ; malgré tout ton orgueil, ce n’est pas toi qui portes la racine, c’est la racine qui te porte. 19 Tu vas me dire : « Des branches ont été coupées pour que moi, je sois greffé ! » 20 Fort bien ! Mais c’est à cause de leur manque de foi qu’elles ont été coupées ; tandis que toi, c’est par la foi que tu tiens bon. Ne fais pas le fanfaron, sois plutôt dans la crainte. 21 Car si Dieu n’a pas épargné les branches d’origine, il ne t’épargnera pas non plus. 22 Observe donc la bonté et la rigueur de Dieu : rigueur pour ceux qui sont tombés, et bonté de Dieu pour toi, si tu demeures dans cette bonté ; autrement, toi aussi tu seras retranché. 23 Quant à eux, s’ils ne demeurent pas dans leur manque de foi, ils seront greffés car Dieu est capable de leur redonner leur place en les greffant. 24 En effet, toi qui étais par ton origine une branche d’olivier sauvage, tu as été greffé, malgré ton origine, sur un olivier cultivé ; à plus forte raison ceux-ci, qui sont d’origine, seront greffés sur leur propre olivier. 25 Frères, pour vous éviter de vous fier à votre propre jugement, je ne veux pas vous laisser dans l’ignorance de ce mystère: l’endurcissement d’une partie d’Israël s’est produit pour laisser à l’ensemble des nations le temps d’entrer. 26 C’est ainsi qu’Israël tout entier sera sauvé, comme dit l’Écriture : De Sion viendra le libérateur, il fera disparaître les impiétés du milieu de Jacob. 27 Telle sera pour eux mon alliance lorsque j’enlèverai leurs péchés. 28 Certes, par rapport à l’Évangile, ils sont des adversaires, et cela, à cause de vous ; mais par rapport au choix de Dieu, ils sont des bien-aimés, et cela, à cause de leurs pères. 29 Les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance. (Rm 11,1-29)
Ce texte est magnifique, même si, certes, pas facile. Je relève quelques idées:
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Dieu ne rejette pas son peuple, le peuple juif (même si son peuple ne cesse de le rejeter, dit Paul), parce que Dieu garde au cœur de ce peuple un reste de fidèles qui ne le rejette pas, un reste qui adhère au messie: ce sont les premiers judéo-chrétiens. Paul en fait partie.
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Les autres juifs, ceux qui n’ont pas accueilli le Christ, se sont endurcis. D’après Paul, cet endurcissement est l’occasion pour que le salut parvienne aux nations et qu’à leur tour celles-ci reviennent évangéliser la partie endurcie d’Israël. Paradoxalement, le salut des nations païennes est donc lié au refus des Juifs. C’est « grâce » à ce refus juif (toujours actuel et permanent) que les nations reçoivent l’évangile. Cela est encore le cas aujourd’hui. Au fond, Paul donne un sens positif au refus juif. Le dessein de Dieu nous échappe, puisqu’il utilise le refus des uns pour évangéliser les autres. Sa sagesse dépasse l’entendement humain…
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Puis vient l’allégorie de l’olivier avec ses deux types de branches. Les branches cassées, mais non séparées, ce sont les juifs endurcis. Ces branches seront recollées, dit Paul. Mais en attendant, dans leur brisure, d’autres branches sont greffées: ce sont les pagano-chrétiens.
Olivier près de Bethleem avec une branche greffée et d’autres branches qui poussent sur la racine. Photos: BiblePlaces
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D’après Benoît XVI, l’Eglise est représentée par cet arbre, dont certaines branches sont Israël (nos frères juifs) et d’autres branches sont les nations (tous les autres). L’Église n’est pas l’assemblée des non-juifs dans laquelle quelques juifs sont entrés! Les débuts du christianisme montrent que c’est plutôt le contraire : l’Église, c’est d’abord l’assemblée d’Israël dans laquelle beaucoup de païens sont entrés par greffe au fil des siècles.