Proclamer la Vierge Marie, Reine des Apôtres, c’est la situer en dehors de la hiérarchie. En effet, Marie ne fait pas partie de la hiérarchie apostolique, parce qu’elle est au-dessus des Apôtres. Et du même coup, Marie, vierge, épouse et mère nous rappelle que la finalité de l’Eglise n’est pas dans la hiérarchie des ministres, mais dans l’union de l’Epoux et de l’Epouse.

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Mosaïque de la Pentecôte avec Marie trônant au milieu des apôtres. Crypte de la basilique de la dormition, Jérusalem. Photo: E. Pastore

Marie est alors « la Vierge qui offre »… Cette union de la Mère avec son Fils dans l’œuvre de la Rédemption atteint son sommet sur le Calvaire, où le Christ « s’offrit lui-même sans tache à Dieu » (Hb 9,14) et où Marie se tint auprès de la croix (Jean 19, 25), l’offrant elle aussi au Père éternel ». (Marialis Cultus n° 20)

Parler de « Marie, Reine des Apôtres », c’est écouter de nouveau les Actes des Apôtres 1, 12-14, comme lieu du début de l’Eglise.

« 12 Alors, du mont des Oliviers, ils s’en retournèrent à Jérusalem ; la distance n’est pas grande : celle d’un chemin de sabbat. 13 Rentrés en ville, ils montèrent à la chambre haute où ils se tenaient habituellement. C’étaient Pierre, Jean, Jacques, André, Philippe et Thomas, Barthélemy et Matthieu, Jacques fils d’Alphée et Simon le Zélote, et Jude fils de Jacques. 14 Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière avec quelques femmes, dont Marie mère de Jésus, et avec ses frères. » (Ac 1, 12‑14)

Cet épisode se situe après l’Ascension de Jésus, son retour auprès du Père. La distance à parcourir est mesurée en termes de ce qu’il est possible de faire un jour de « sabbat » (v. 12) Pourquoi le « sabbat » ? le sabbat pour Israël symbolise l’attente de la Bien-Aimée (Israël, puis l’Eglise) tournée vers son Bien-Aimé (Dieu). La distance géographique exprime donc cette distance respectueuse de celle qui sait que Dieu est celui qui aime le premier et que, depuis toujours, il est à la recherche du chacun et de chacune de nous. A nous de nous laisser trouver… La présence de Marie est exprimée avec une grande sobriété qu’il faut interpréter : « Marie, Mère de Jésus » : c’est sous son aspect de maternité que Marie est présentée au groupe des Apôtres. Ce seul verset (v. 14) caractérise ce qui fait l’identité de l’Eglise : l’unanimité des cœurs (« un seul cœur, une seule âme »), unanimité qui dit l’unité dans la diversité ; puis l’élément de la fidélité à la prière, comme lieu de ressourcement unique, car c’est en Dieu seul, source de tout bien, que l’Eglise puise sa force et sa raison d’être ; enfin, « Marie, Mère de Jésus » : les Actes ne mentionneront plus la présence de Marie : celle-ci a été présentée comme la « Mère de l’Eglise », celle qui, en ces temps nouveaux et derniers, continue d’enfanter le Corps du Christ et de veiller sur Lui.

Parler de « Marie, Reine des Apôtres », c’est enfin et surtout la contempler au pied de la Croix de son Fils (Jean 19, 25-27). Marie se tient « debout », assumant toute douleur « Vous tous qui passez par le chemin, regardez et voyez s’il est une douleur pareille à la mienne. » (Lamentations 1, 12). Elle est celle qui « gardant toutes ces choses en son cœur » porte l’attente du jour où l’espérance du salut deviendra réalité.

« Reine des Apôtres », « Debout au pied de la Croix, Marie est témoin, humainement parlant, d’un total démenti des paroles de l’Annonciation. Son Fils agonise sur ce bois comme un condamné. Comme elle est grande, comme elle est héroïque l’obéissance de la foi dont Marie fait preuve face aux décrets insondables de Dieu !… Par une telle foi, Marie est parfaitement unie au Christ dans son dépouillement…C’est sans doute la « kénose » la plus profonde dans l’histoire de l’humanité. » (Redemptoris Mater N°18)

Le testament de Jésus en cet instant d’une unique exceptionnalité est la remise du disciple à la Mère et de la Mère au disciple ; « le disciple que Jésus aimait » représentant toute l’humanité, et donc chacun et chacune de nous qui s’est mis à la suite du Christ et qui découvre avec émerveillement qu’il est aimé par Jésus d’une manière unique.

« Le disciple la prit chez lui ». Le « chez lui » de l’évangile désigne beaucoup plus que l’habitation du disciple. Littéralement, il faut traduire : « le disciple la prit dans ses biens » – les biens spirituels que sont la foi, l’espérance et la charité.

Reconnue comme « Reine des Apôtres », Marie les a précédés dans l’annonce du Christ au premier moment de sa mission de mère du Sauveur. En effet, guidée par l’Esprit-Saint, elle s’est hâtée d’apporter le Christ à son précurseur et sa venue a rempli Jean de sainteté et de joie.

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Mosaïque de la Pentecôte avec Marie trônant au milieu des apôtres. Crypte de la basilique de la dormition, Jérusalem. Photo: E. Pastore

Comme jamais l’exaltation n’abolit la mission, pour Marie « la gloire de servir ne cesse d’être son exaltation royale. » (Redemptoris Mater n°41) A la suite de la reine Esther, implorant la vie pour son peuple, Marie recevant au pied de la Croix, le Corps inanimé de son Fils, fait siennes les paroles du prophète Jérémie: « Souvenez-vous, je me suis tenue devant vous pour intercéder en leur faveur. » (Jr 18, 20).

La royauté de Marie – et donc de la femme – ne s’exerce-t-elle pas puissamment lorsqu’elle intercède pour le Peuple de Dieu…

Marie-Christophe Maillard

Proclamer la Vierge Marie, Reine des Apôtres, c’est la situer en dehors de la hiérarchie. En effet, Marie ne fait pas partie de la hiérarchie apostolique, parce qu’elle est au-dessus des Apôtres. Et du même coup, Marie, vierge, épouse et mère nous rappelle que la finalité de l’Eglise n’est pas dans la hiérarchie des ministres, mais dans l’union de l’Epoux et de l’Epouse.

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Mosaïque de la Pentecôte avec Marie trônant au milieu des apôtres. Crypte de la basilique de la dormition, Jérusalem. Photo: E. Pastore

Marie est alors « la Vierge qui offre »… Cette union de la Mère avec son Fils dans l’œuvre de la Rédemption atteint son sommet sur le Calvaire, où le Christ « s’offrit lui-même sans tache à Dieu » (Hb 9,14) et où Marie se tint auprès de la croix (Jean 19, 25), l’offrant elle aussi au Père éternel ». (Marialis Cultus n° 20)

Parler de « Marie, Reine des Apôtres », c’est écouter de nouveau les Actes des Apôtres 1, 12-14, comme lieu du début de l’Eglise.

« 12 Alors, du mont des Oliviers, ils s’en retournèrent à Jérusalem ; la distance n’est pas grande : celle d’un chemin de sabbat. 13 Rentrés en ville, ils montèrent à la chambre haute où ils se tenaient habituellement. C’étaient Pierre, Jean, Jacques, André, Philippe et Thomas, Barthélemy et Matthieu, Jacques fils d’Alphée et Simon le Zélote, et Jude fils de Jacques. 14 Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière avec quelques femmes, dont Marie mère de Jésus, et avec ses frères. » (Ac 1, 12‑14)

Cet épisode se situe après l’Ascension de Jésus, son retour auprès du Père. La distance à parcourir est mesurée en termes de ce qu’il est possible de faire un jour de « sabbat » (v. 12) Pourquoi le « sabbat » ? le sabbat pour Israël symbolise l’attente de la Bien-Aimée (Israël, puis l’Eglise) tournée vers son Bien-Aimé (Dieu). La distance géographique exprime donc cette distance respectueuse de celle qui sait que Dieu est celui qui aime le premier et que, depuis toujours, il est à la recherche du chacun et de chacune de nous. A nous de nous laisser trouver… La présence de Marie est exprimée avec une grande sobriété qu’il faut interpréter : « Marie, Mère de Jésus » : c’est sous son aspect de maternité que Marie est présentée au groupe des Apôtres. Ce seul verset (v. 14) caractérise ce qui fait l’identité de l’Eglise : l’unanimité des cœurs (« un seul cœur, une seule âme »), unanimité qui dit l’unité dans la diversité ; puis l’élément de la fidélité à la prière, comme lieu de ressourcement unique, car c’est en Dieu seul, source de tout bien, que l’Eglise puise sa force et sa raison d’être ; enfin, « Marie, Mère de Jésus » : les Actes ne mentionneront plus la présence de Marie : celle-ci a été présentée comme la « Mère de l’Eglise », celle qui, en ces temps nouveaux et derniers, continue d’enfanter le Corps du Christ et de veiller sur Lui.

Parler de « Marie, Reine des Apôtres », c’est enfin et surtout la contempler au pied de la Croix de son Fils (Jean 19, 25-27). Marie se tient « debout », assumant toute douleur « Vous tous qui passez par le chemin, regardez et voyez s’il est une douleur pareille à la mienne. » (Lamentations 1, 12). Elle est celle qui « gardant toutes ces choses en son cœur » porte l’attente du jour où l’espérance du salut deviendra réalité.

« Reine des Apôtres », « Debout au pied de la Croix, Marie est témoin, humainement parlant, d’un total démenti des paroles de l’Annonciation. Son Fils agonise sur ce bois comme un condamné. Comme elle est grande, comme elle est héroïque l’obéissance de la foi dont Marie fait preuve face aux décrets insondables de Dieu !… Par une telle foi, Marie est parfaitement unie au Christ dans son dépouillement…C’est sans doute la « kénose » la plus profonde dans l’histoire de l’humanité. » (Redemptoris Mater N°18)

Le testament de Jésus en cet instant d’une unique exceptionnalité est la remise du disciple à la Mère et de la Mère au disciple ; « le disciple que Jésus aimait » représentant toute l’humanité, et donc chacun et chacune de nous qui s’est mis à la suite du Christ et qui découvre avec émerveillement qu’il est aimé par Jésus d’une manière unique.

« Le disciple la prit chez lui ». Le « chez lui » de l’évangile désigne beaucoup plus que l’habitation du disciple. Littéralement, il faut traduire : « le disciple la prit dans ses biens » – les biens spirituels que sont la foi, l’espérance et la charité.

Reconnue comme « Reine des Apôtres », Marie les a précédés dans l’annonce du Christ au premier moment de sa mission de mère du Sauveur. En effet, guidée par l’Esprit-Saint, elle s’est hâtée d’apporter le Christ à son précurseur et sa venue a rempli Jean de sainteté et de joie.

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Mosaïque de la Pentecôte avec Marie trônant au milieu des apôtres. Crypte de la basilique de la dormition, Jérusalem. Photo: E. Pastore

Comme jamais l’exaltation n’abolit la mission, pour Marie « la gloire de servir ne cesse d’être son exaltation royale. » (Redemptoris Mater n°41) A la suite de la reine Esther, implorant la vie pour son peuple, Marie recevant au pied de la Croix, le Corps inanimé de son Fils, fait siennes les paroles du prophète Jérémie: « Souvenez-vous, je me suis tenue devant vous pour intercéder en leur faveur. » (Jr 18, 20).

La royauté de Marie – et donc de la femme – ne s’exerce-t-elle pas puissamment lorsqu’elle intercède pour le Peuple de Dieu…

Marie-Christophe Maillard